• Koering Jérémie

La naissance du cinéma est trop souvent pensée dans sa relation à la captation du mouvement, ce qui a pour incidence, lorsqu’on tente de la réintroduire dans l’histoire des arts, de la ramener à une problématique essentiellement technique. Combien d’ouvrages ou d’expositions dévolus au cinéma se focalisent en effet sur les progrès chimiques et mécaniques ayant permis l’apparition de l’image animée ? Pourtant le cinéma ne se confond pas avec l’image en mouvement. Du moins, pas exclusivement. Il doit aussi beaucoup à son état contraire : l’immobilité. Le cinéma se fonde sur une oscillation constante entre immobilité et mouvement. D’abord parce que le mouvement au cinéma n’est jamais, techniquement parlant, que le produit d’un défilé d’images fixes – et ce, jusqu’à l’avènement de l’ère numérique. Ensuite parce que l’image animée est appelée à une nouvelle immobilisation lorsque le mot fin vient s’inscrire sur l’écran. Si cette tension entre mouvement et immobilité est à ce point fondamentale pour l’art cinématographique, c’est parce que l’histoire des arts, dans laquelle le cinéma vient s’insérer, est traversée par un double rêve : celui d’éterniser les êtres par leur transformation en images immobiles et celui concomitant de leur redonner vie par le mouvement, le tableau vivant servant en quelque sorte d’emblème à ce tremblement constitutif. En proposant une archéologie du cinéma à l’époque moderne, ce cours entend montrer que ce double désir d’immobilisation et d’animation, porté par des problématiques poétiques, politiques, philosophiques, anthropologiques, a hanté l’imaginaire des peintres, des sculpteurs, des dramaturges et des photographes, avant d’être recueilli puis porté à son incandescence par les cinéastes.

Le cours thématique s’adresse aux étudiant(e)s en Bachelor et en Master. Il approfondit et expose certains thèmes, sujets, spécifiquement étudiés par l’enseignant. Son contenu et les modalités de l’examen sont présentés lors de la première séance (présence souhaitée).

débute le 23 septembre 2020

Stefan Andriopoulos, Ghostly Apparitions. German Idealism, the Gothic Novel and Optical Media, New York, 2013

Jacques Aumont, À quoi pensent les films ?, Paris, Séguier, 1997

Jacques Aumont, L’œil interminable. Cinéma et peinture, Paris, Séguier, 1989

Jean-Christophe Bailly, Le champ mimétique, Paris, Seuil, 2005

Quentin Bajac, Tableaux vivants : fantaisies photographiques victoriennes (1840-1880), Paris, Réunion des musées nationaux, 1999

Raymond Bellour, L’Entre-Images. Photo. Cinéma. Vidéo, Paris, La différence, 1990

Raymond Bellour, Le corps du cinéma : hypnoses, émotions, animalités, Paris, POL, 2009

Jörg Jochen Berns, Film vor dem Film. Bewegende und bewegliche Bilder als Mittel der Imaginationssteuerung in Mittelalter und Früher Neuzeit, Marburg, Jonas Verl., 2000

Gunhild Borggreen, Maria Fabricius Hansen, Rosanna Tindbaek (éd.), Dead or Alive ! Tracing the Animation of Matter in Art and Visual Culture, Aarhus University Press, Aarhus, 2020

Horst Bredekamp Théorie de l’acte d’image, Paris, Éditions de la découverte, 2015 [Theorie des Bildakts, Berlin, 2010]

Jonathan Crary, Techniques de l'observateur. Vision et modernité au XIXe siècle, Paris, Dehors, 2016

Georges Didi-Huberman, La ressemblance par contact. Archéologie, anachronisme et modernité de l’empreinte, Paris, Minuit, 2008

Françoise Dunand, Corps vivants des dieux. Les statues animées dans le monde méditerranéen antique, Paris, Picard, 2018

Caroline van Eck, Stijn Bussels (éd.), Theatricality in Early Modern Art and Architecture, Oxford, John Wiley & Sons, 2011

Caroline van Eck, Joris van Gestel and Elsje van Kessel, The Secret Lives of Artworks : Exploring the Boundaries between Art and Life, Leiden, Leiden University Press, 2014

Caroline van Eck, Art, agency, and Living presence. From the Animating Image to the Excessive Object, Boston, De Gruyter, 2015

Sergueï Eisenstein, « El Greco y el cine », dans Cinématisme. Peinture et cinéma, textes inédits, Bruxelles, Ed. Complexe, 1980

David Freedberg, Le Pouvoir des images, Paris, Gérard de Monfort, 1998

Françoise Frontisi-Ducroux, Dédale. Mythologie de l’artisan en Grèce ancienne, Paris, La découverte, 2000

Nicola Gess, Annette Kappeler, Agnes Hoffmann (éd.), Belebungskünste : Praktiken lebendiger Darstellung in Literatur, Kunst und Wissenschaft um 1800, Paderborn, Wilhelm Fink, 2019

Philine Helas, Lebende Bilder in der italienischen Festkultur des 15. Jahrhunderts, Berlin, Akademie Verlag, 1999 

Wendy Heller, “Dancing Statues and the Myth of Venice : Ancient Sculpture on the Opera Stage”, in Caroline van Eck, Stijn Bussels (éd.), Theatricality in Early Modern Art and Architecture, Oxford, 2011, p. 105-119

Kirsten G. Holmström, Monodrama, Attitudes, Tableaux Vivants. Studies on some Trends of Theatrical Fashion 1770-1815, Stockholm, Almqvist & Wiksell, 1967 

Erkki Huhtamo, Illusions in Motion. Media Archaeology of the Moving Panorama and Related Spectacles. Cambridge, Mass.,The MIT Press, 2013

Fredrika H. Jacobs, The Living Image in Renaissance Art, Cambridge, Cambridge University Press, 2005

Stephen Jacobs, Framing Pictures: Films and the Visual Arts, Edimbourg, Edimburgh University Press, 2011

Wolfgang Kemp, Die Rëume der Maler. Zur Bilderzählung seit Giotto, München, C. H. Beck, 1996

Jérémie Koering, « Sur le seuil : tableau vivant et cinéma », dans Julie Ramos (éd.), Le tableau vivant ou l’image performée, INHA, Mare & Martin, Paris, 2014, p. 302-320

Jérémie Koering, « Dispositif contre dispositif. La Chute de la maison Usher de Jean Epstein », dans Guillaume Le Gall (éd.), Avant l’image : des dispositifs pour voir, Les carnets du BAL, n° 6, Paris, 2015, p. 102-121

Jérémie Koering, « ‘Catch this monster !’ Immobilization of the Simulacrum in Cinema », dans Gunhild Borggreen, Maria Fabricius Hansen, Rosanna Tindbaek (éd.), Dead or Alive ! Tracing the Animation of Matter in Art and Visual Culture, Aarhus University Press, Aarhus, 2020, p. 291-321

Klaus Krüger, Das Bild als Schleier des Unsichtbaren. Ästhetische Illusion in der Kunst der frühen Neuzeit in Italien, Munich, W. Fink, 2001

Jean-Claude Lebensztejn, Pygmalion, Dijon-Bruxelles, Les presses du réel, 2009

Le cinéma : naissance d’un art, 1895-1920, textes choisis et présentés par Daniel Banda et José Moure (Paris: Flammarion, 2008).

Laurent Mannoni, Le Grand art de la lumière et de l'ombre. Archéologie du cinéma, Paris, Nathan, 1994

Laura Mulvey, Death 24x a Second. Stillness and the Moving Image, London, Reaktion Books, 2006

Lynda Nead, The Haunted Gallery. Painting, Photography, Film c. 1900, New Haven-London, Yale University Press, 2007

Julie Ramos (éd.), Le tableau vivant ou l’image performée, INHA, Mare & Martin, Paris, 2014

Arnaud Rykner, Corps obscènes : pantomime, tableau vivant et autres images pas sages ; suivis de Note sur le dispositif, Paris, Orizons, 2014

Barbara Maria Stafford, Frances Terpark (éd.), Devices of Wonder. From the World in a Box on a Screen, Los Angeles, Getty, 2011

Victor I. Stoichita, L’effet Pygmalion. Pour une anthropologie historique des simulacres, Genève, Droz, 2008

Victor I. Stoichita, L'effet Sherlock Holmes. Variations du regard de Manet à Hitchcock, Paris, Hazan, 2015

Bernard Vouilloux, Le tableau vivant. Phryné, l’orateur et le peintre, Paris, Flammarion, 2002

Daniel Wiegand, Gebannte Bewegung. Tableaux vivants und früher Film in der Kultur der Moderne, Marburg, Schüren, 2016