Complotisme28.04.2021

Théorie du complot - Pourquoi y croyons-nous?


Attentat terroriste, pandémie, catastrophe naturelle, disparition de célébrité, innovation technologique… De nos jours, chaque événement majeur donne naissance à des théories alternatives à la version officielle. A la lumière d’études en psychologie, Pascal Wagner-Egger, chercheur à l’Université de Fribourg, propose un nouvel ouvrage qui explore les raisons pour lesquels nous pouvons toutes et tous être attiré·e·s par ces récits, et pourquoi certain·e·s y croient plus que d’autres.  

Les recherches de Pascal Wagner-Egger démontrent que le conspirationnisme est un symptôme du temps présent pour trois raisons. Premièrement, parce qu’il est lié à une verticalisation croissante de nos sociétés, engendrée par la mondialisation: la naissance de nombreuses entités supranationales (Union Européenne, OTAN, ONU, etc.), ainsi que l'écart économique très marqué entre les plus riches et les plus pauvres, donnent aux individus de nos démocraties l’impression de ne plus être maîtres de leur destin, alimentant des sentiments d’anomie (perte de contrôle, haine des élites, etc.). Deuxièmement, les pouvoirs de communication extraordinaires d’Internet favorisent la diffusion des théories conspirationnistes d’une manière encore inimaginable il y a quelques années. Enfin, le conspirationnisme est l’écho moderne des modes de pensée les plus anciens de l’homo sapiens, tels que ceux impliqués dans les croyances religieuses ou paranormales. 

Dans son ouvrage Psychologie des croyances aux théories du complot, l’auteur interroge la rationalité de ces théories: peut-on y croire ou doit-on s’en méfier? Sont-elles vraies ou fausses? Il s’attache à identifier les faiblesses du raisonnement complotiste en proposant les clés intellectuelles qui permettent de le contrer. Utilisant la philosophie des sciences appliquée aux croyances, il met également l’accent sur les démarcations entre science et croyance, permettant d’établir une différence claire entre enquêtes et théories du complot. Ce livre permet enfin de poser une réflexion sur la méthode scientifique, la notion de doute excessif et son effet sur la démocratie.

Focus sur la pandémie
La pandémie a été et est encore un festival de théories du complot qui, comme toutes les rumeurs ou fausses croyances, fleurissent dans les temps d’incertitude et d’anxiété, tels que les guerres, les attentats terroristes, les décès de célébrités, etc. «La pandémie affecte nos vies de façon dramatique et s’installe dans la durée, ce qui accentue le besoin de recourir à des formes de certitudes alternatives, alors que la science avance dans l’incertitude, explique Pascal Wagner-Egger. De plus, de nombreux aspects de la pandémie peuvent être infiltrés par les complots: origine du virus, vaccins, masques, mesures de privation temporaire de libertés, etc.»

Psychologie des croyances aux théories du complot, Presses universitaires de Grenoble, www.pug.fr, ISBN 978-2-7061-4982?5

Pascal Wagner-Egger est enseignant-chercheur en psychologie sociale et en statistique à l’Université de Fribourg. Il co-dirige l’Unité de psycholinguistique et psychologie sociale appliquée. A la croisée de ces domaines, il s’intéresse plus particulièrement aux croyances et raisonnements quotidiens, recherches mêlant la psychologie cognitive et la psychologie sociale. Ce livre est une version augmentée de sa thèse d’habilitation rédigée avant la pandémie, fin 2019.

Une séance de dédicace est prévue le lundi 10 mai dès 14h00 dans le jardin de l'Institut de psychologie à Regina Mundi, route de Faucigny 2, 1700 Fribourg. Inscription obligatoire.