L'Université face aux conflits internationaux

Ralph Doleschal,
Secrétaire général

Le monde ne s’est toujours pas calmé: après la pandémie et l’attaque contre l’Ukraine, l’année 2024 a notamment été marquée par le conflit au Proche-Orient. Des effets de celui-­ci se sont également fait sentir à l’Unifr, qui a connu l’occupation d’un bâtiment et des manifestations non autorisées. Il a en outre été demandé au Rectorat de se positionner par rapport à ce conflit. En relation avec des conflits internationaux, deux aspects importants pour l’Unifr et sa Direction sont abordés ici.

En ce qui concerne la prise de position sur des conflits, il faut d’abord constater qu’il va de soi que les membres de la Direction sont scandalisé·e·s par les atrocités commises dans le monde. Mais ici se pose la question du rôle de celle-ci, défini par la loi et les statuts de l’Unifr. La Direction, en tant qu’organe dirigeant et exécutif, doit avant tout contribuer, dans le cadre de ses compétences, à l’accomplissement des missions de l’Unifr (enseignement, recherche, formation continue, transfert de connaissances, promotion de la relève) et garantir son bon fonctionnement. Par contre, il n’est pas de son devoir de s’exprimer par rapport aux sujets politiques sans lien direct avec l’Unifr. Cela découle aussi du principe de «neutralité» ou de «réserve institutionnelle». La renonciation à un positionnement (situations particulières réservées) s’impose d’ailleurs déjà au vu du nombre élevé de conflits mondiaux (environ 400 en 2023). Si le Rectorat prenait position sur un conflit, il devrait faire de même pour tous les autres, ce qui nécessiterait des ressources énormes. Or celles-ci doivent être utilisées pour remplir les missions universitaires.

Qu’en est-il des actions de protestation? La Direction de l’Unifr considère qu’il est essentiel de protéger l’Université en tant que lieu de libre expression et comprend bien le besoin de ses membres de s’exprimer notamment par rapport à des conflits. Toutefois, compte tenu des milliers de membres de l’Unifr et des sensibilités différentes, les règles existantes doivent impérativement être respectées. Ainsi, l’expression ou l’échange d’opinions doit se faire dans les formats (académiques) prévus et chaque événement organisé à l’Unifr nécessite une autorisation. En outre, le dialogue entre les membres de l’Unifr et le Rectorat doit passer par les représentant·e·s officiel·le·s des corps universitaires. Ceci est indispensable pour le maintien du bon fonctionnement de l’institution et le respect des exigences légales, par exemple en matière de sécurité.

Les diverses conférences organisées avec succès dans le cadre du conflit au Proche-Orient ainsi qu’une déclaration commune du Rectorat et de l’AGEF montrent que le respect des structures et des règles prévus fait complètement ses preuves.