Recherche de la famille21.02.2019

TDAH: tous à la même table


Prise en charge de l’enfant : tel est le titre des Recommandations pour la prise en charge du TDAH dans le processus de décision publiées par l’Institut de recherche et de conseil dans le domaine de la famille de l’Université de Fribourg. Ce guide plaide pour un changement de perspective dans l’accompagnement des enfants atteints de TDAH: Ceux-ci doivent écoutés et entendus.

Gesticulations incessantes à table, livres scolaires oubliés à la maison ou chamailleries répétées dans la cour d’école font-ils partie de l’évolution normale d’un enfant ou sont-ils les symptômes d’un TDAH? Les symptômes du trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité se révèlent aussi multiples que les enfants qui en sont atteints. Les Recommandations par rapport au TDAH dans le processus de décision permettent d’aider les personnes concernées pendant la phase d’examen. Elles ont pour objectif d’éviter que les enfants présentant des symptômes de TDAH fassent trop vite l’objet d’un traitement médical – ou, inversement, qu’ils passent inaperçus et ne soient pas pris en charge.

Tous autour d’une table
En règle générale, quand il existe un soupçon de TDAH chez un enfant, quatre personnes au moins sont impliquées dans le processus d’examen et de décision : l’enfant lui-même, les parents, un enseignant et un professionnel de la santé. Les recommandations en question suggèrent que ces parties prenantes se réunissent au moins une fois autour d’une table pour échanger, afin non seulement d’optimiser les ressources, mais aussi dans la perspective d’améliorer les compétences. Cette table ronde peut venir compléter les entretiens bilatéraux usuels entre les parents et les enseignants, ou entre les parents et le professionnel de la santé. L’important est que l’enfant ait la possibilité d’y être intégré. Il doit pouvoir être informé des étapes éventuelles et exprimer son opinion, souligne la juriste et professeure Sandra Hotz, qui a dirigé la rédaction de l’ouvrage: «L’enfant a des droits, et il importe de les garder à l’esprit tout au long du processus décisionnel». Les enfants doivent être confortés et pris au sérieux dans leur capacité à s’autodéterminer. «Or cette capacité d’autodétermination, qui se situe à l’interface des intérêts de la famille, de la formation et de la santé, doit être tout particulièrement prise en considération.»

Changement de perspective
La participation active ou passive des enfants dans ce processus doit également sans cesse rappeler aux différentes parties prenantes que l’enfant doit se situer au centre de toutes les décisions. Ainsi, il ne s’agit pas de traiter l’enfant pour qu’il ait moins de problèmes à l’école et à la maison, mais plutôt d’adapter l’environnement à ses besoins particuliers. Sandra Hotz en est convaincue, «de petits coups de pouce, comme une sélection spécifique de livres à l’école ou la mise en relief d’une phrase importante au surligneur dans un test, peuvent faciliter la vie de ces enfants». Pour savoir où un enfant a besoin d’aide, où précisément se trouvent ses faiblesses, il est essentiel que tous les acteurs se parlent et conjuguent leurs efforts.

Un diagnostic complexe
Le TDAH constitue le trouble psychique le plus fréquent chez les enfants. Ses causes peuvent être d’ordre génétique, neuropsychologique, mais aussi psychosocial. Des facteurs environnants liés à l’école, à la société ou au milieu familial peuvent également jouer un rôle. Il est impossible d’établir un diagnostic catégorique par le biais de ce que l’on appelle un biomarqueur. L’examen par des personnes compétentes et leur collaboration s’avèrent d’autant plus essentiels. Environ 5% des enfants sont concernés à l’échelle suisse et mondiale.

Les Recommandations par rapport au TDAH dans le processus de décision représentent un aboutissement du projet de recherche interuniversitaire «Prise en charge des enfants: une étude interdisciplinaire sur le traitement du TDAH». Les recommandations ont été élaborées avec le concours de représentants des sciences de la santé de l’Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) et de spécialistes en pédiatrie (Hôpital cantonal de Winterthour), en pédopsychiatrie (Clinique universitaire psychiatrique de Zurich) et en pédagogie. Elles constituent une nouveauté au niveau suisse et sont mises gratuitement à la disposition de toutes les personnes intéressées. Elles sont disponibles en allemand seulement.

Image: Thinkstock