«L’agression contre l’Ukraine montre les risques d’un vide stratégique»

«L’agression contre l’Ukraine montre les risques d’un vide stratégique»

Petros Mavromichalis est l’ambassadeur de l’Union européenne à Berne depuis 2020. Originaire de la Grèce, il a une Maîtrise en Droit de l’Université de Strasbourg. Dans un entretien accordé à Alma&Georges, il évoque le thème principal de la Journée de l’Europe de cette année, le 20e anniversaire de l’élargissement de l’UE à l’Est, l’état des relations entre la Suisse et l’UE et son propre avenir.

Vous participerez à la table ronde pour parler des succès, des défis et des perspectives d’élargissement de l’UE à l’Est. Dans le fond, pourquoi cette poussée vers l’Est est-elle nécessaire?
L’Union européenne a été créée pour unifier l’Europe, toute l’Europe. Sans l’Europe de l’Est l’UE aurait été inachevée. L’agression dont est victime l’Ukraine nous montre aussi les risques de laisser un vide stratégique.

A voir une carte, l’Union a une tout autre allure que dans les années 1990. Peut-on parler donc de succès?
Incontestablement, il s’agit d’un grand succès. En premier lieu pour les peuples des pays qui nous ont rejoint depuis cette époque. Quiconque a connu les «démocraties populaires» d’avant la chute du mur de Berlin reconnaitra les transformations considérables qui ont eu lieu depuis. Pluralisme politique, défense des libertés, économie de marché, accès au marché intérieur européen et aux fonds structurels ont permis à ces pays de combler une grande partie du retard accumulé.

L’UE n’a-t-elle pas grandi trop vite et intégré des Etats qui n’ont pas tout à fait la même conception de la démocratie, ni les mêmes bases économiques?
Quand vous avez été coupé du reste de l’Europe par des barrières autoritaires pendant plus de 40 ans, attendre 15 ans de plus ne peut pas être considéré comme trop rapide. La démocratie ne se construit ni se consolide du jour au lendemain. C’est un processus qu’il faut accompagner patiemment. Si l’on compare la situation de nos Etats membres à celle des pays des Balkans occidentaux par exemple, qui eux n’ont toujours adhéré, la situation est bien plus favorable sur tous les plans.

Avec des crises géopolitiques et une guerre devant sa porte, de nombreuses voix craignent que les dissensions entre Etats européens ne s’aggravent encore. Quel est votre avis ?
La guerre menée contre l’Ukraine a démontré un très large degré de cohésion de nos Etats membres. Nous avons adopté à l’unanimité 14 paquets de sanctions très lourdes, nous soutenons l’Ukraine plus que quiconque, politiquement, militairement, économiquement, nous avons accueilli des millions de réfugiés. La Suisse aussi joue un rôle important dans l’accueil de réfugiés mais aussi dans la tentative de trouver une solution pacifique à cette guerre.

Parlons des négociations Suisse-EU sur un accord cadre. Dans un interview récent avec la RTS vous avez dit que «les avantages l’emportent grandement sur d’éventuels inconvénients». A quoi pensez-vous concrètement?
La relation UE – Suisse est importante pour les deux parties: la Suisse est notre 4ème partenaire commercial, nous sommes son partenaire principal. Des millions de nos citoyens travaillent de part et d’autre. Les problèmes qui affectent cette relation sont bien connus: reprise dynamique des règles du marché intérieur, résolution juridictionnelle des litiges, participation à la cohésion. Nous devons résoudre ces différents afin de pouvoir consolider cette relation.

Dans la presse, on pouvait récemment apprendre que vous passez le témoin le 1er septembre à Miroslav Lajcak. Qu’en est-il de votre avenir?
Je vais rentrer au siège à Bruxelles; mais je ne sais pas encore à quel poste je serai affecté.

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  • Site Web de la Journée de l’Europe
  • Ambassade de l’Union européenne en Suisse et auprès du Liechtenstein
  • Photo de une: Petros Mavromichalis lors de la Journée de l’Europe 2023 à l’Unifr

Author

Ist im Grüezi-Land einst aufgewachsen, doch das Schicksal zieht ihn jedoch immer wieder nach Freiburg: zuerst für die RS, dann fürs Studium, später fürs Wohnen und seit 2017 auch fürs Arbeiten. Als Leiter des Dienstes Unicom interessiert er sich für alles ein bisschen und ein bisschen für alles.

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