Rapport de la Rectrice

 

Astrid Epiney
Rectrice

L’année 2022 a été une année charnière pour l’Université de Fribourg: la planification pluriannuelle 2018 – 2022 touchant à sa fin, il était l’heure de conclure la nouvelle Convention d’objectifs avec l’Etat (2023 – 2027) – élaborée sur la base de la planification pluriannuelle (adoptée par le Sénat le 3 mai 2021) pour ces mêmes années.

Selon ces documents, l’Université vise un profilage ciblé dans l’enseignement et la recherche en plaçant un accent particulier sur l’interdisciplinarité, sans pour autant négliger les disciplines elles-mêmes, puisque ce sont elles qui sont à la base de toute interdisciplinarité. En ce sens, l’Unifr entend renforcer son profil en mettant en valeur ses centres de compétences et ses atouts. Ainsi, certains points forts seront consolidés et développés comme, par exemple, les sciences des matériaux, les humanités environnementales, le bilinguisme et le plurilinguisme, la coexistence des religions et des cultures ou l’organisation de communautés politiques. En outre, de nouveaux axes seront développés: il s’agit, en particulier, d’intensifier les activités autour des thématiques de la digitalisation et de la société ainsi que de l’alimentation. L’Institut Human Centered Interaction Science and Technology (Human-IST) sera renforcé et un nouveau Centre pour les sciences de l’alimentation est en cours de création. Cet Institut interfacultaire rassemblera et accentuera les compétences déjà existantes dans ce domaine au sein des différentes facultés afin de créer un véritable centre interdisciplinaire en la matière. Il s’inscrira aussi dans les différentes initiatives au niveau cantonal et au sein des autres hautes écoles fribourgeoises. Ainsi, tant la création du Centre que ses activités de recherche et d’enseignement seront réalisées en étroite collaboration avec différents partenaires avec lesquels une collaboration existe déjà dans de nombreux domaines, notamment l’Agroscope, la Haute école d’ingénierie et d’architecture (HEIA), le Cluster Food & Nutrition et le futur Food Living Lab.

Si l’Université a terminé l’année 2022 avec une certaine sérénité et peut envisager ces prochaines années avec confiance, c’est aussi grâce à un grand soutien politique: en effet, en suivant l’acceptation d’un mandat du Grand Conseil, adopté le 18 mai 2022, le Conseil d’Etat a prévu dans sa planification financière les moyens – en premier lieu en personnel – mentionnés dans la planification pluriannuelle afin que ses objectifs puissent être réalisés. En ce sens, il sera non seulement possible de renforcer certains domaines d’enseignement et de recherche et d’améliorer l’encadrement des étudiantes et étudiants, mais aussi de renforcer les services centraux qui doivent faire face – depuis de nombreuses années déjà – à un nombre considérable de tâches supplémentaires.

Nous nous réjouissons alors d’entreprendre les différentes démarches en vue de la réalisation de la planification pluriannuelle et de consolider ainsi la position et le rôle de l’Université de Fribourg tant aux niveaux cantonal et national qu’international. A cet égard, permettez-moi de rappeler l’importance des relations internationales pour notre alma mater: pour les étudiantes et étudiants, environ 500 conventions d’échange et environ 250 institutions partenaires permettent des séjours d’un ou de deux semestres à l’étranger, souvent un élément clé de leur cursus d’études qui leur permet de s’ouvrir au monde et de côtoyer d’autres cultures, ainsi que d’apprendre ou de perfectionner une autre langue. Pour les chercheuses et les chercheurs, les collaborations et contacts internationaux sont centraux pour faire avancer leurs projets de recherches, la science étant en effet dépendante de l’ouverture internationale. A cet égard, la dégradation des relations entre la Suisse et l’Union européenne est inquiétante et risque de fragiliser ces relations internationales ainsi que notre capacité d’innovation et donc, à moyen terme, notre prospérité. En ce sens, des relations stables avec l’Union européenne sont d’une grande importance également pour l’Université de Fribourg.

Parallèlement, l’Université se définit aussi par son ancrage cantonal – elle contribue de manière importante à la valeur ajoutée du Canton d’un point de vue économique, mais aussi culturel et social – et compte développer encore davantage le dialogue avec la société. Dans ce contexte, le rôle important d’une science libre, ouverte et collaborative aux niveaux cantonal, national et international – sur la toile de fond de la liberté d’expression et de la liberté de la science – pour relever les défis actuels, mérite d’être souligné. L’Université est l’espace par excellence pour se confronter aux arguments d’autres personnes, analyser tel ou tel développement ou encore remettre en question telle ou telle «vérité». C’est pourquoi nous nous engageons fermement à cultiver et développer le Campus comme un espace de discussions dans lequel le respect pour les opinions et points de vue des autres joue un rôle central. Dans ce sens, vouloir empêcher une personne de s’exprimer sous prétexte que ses propos seraient, par exemple, discriminatoires, nieraient telle ou telle «vérité» scientifique ou traiteraient d’un texte/auteur «inacceptable» est en porte-à-faux avec le rôle même de l’université comme lieu d’échange et de débat d’idées. Sous condition, bien sûr, du respect du cadre légal, l’université doit rester cet espace de liberté dans lequel les opinions, points de vue et résultats scientifiques sont discutés librement dans un respect mutuel. Car l’option que d’autres arguments que les nôtres peuvent être convaincants et que ce que nous considérons comme «juste» ou pertinent ne l’est peut-être pas, ou dans une moindre mesure, existe toujours.

Ainsi, nous nous réjouissons de continuer de participer aux grands débats scientifiques et sociétaux de ce XXIe siècle et de former la relève scientifique dans un esprit d’ouverture, de respect et de responsabilité envers la société. L’Université de Fribourg ne peut jouer ce rôle que grâce à l’important engagement de l’ensemble de la communauté universitaire. C’est pourquoi je tiens à remercier vivement chacune et chacun pour son engagement, sa fidélité et sa loyauté. En effet, l’Université est aussi (et d’abord) un ensemble de personnes qui étudient, travaillent et s’investissent dans un même esprit et un même but. Mes remerciements vont aussi aux autorités cantonales et aux citoyennes et citoyens de la Ville et du Canton de Fribourg dont le soutien est indispensable pour le développement propice de l’Université.

 

Charges financées par des fonds tiers, en millions de francs