Le HUB InnoSanté vient d’être inauguré à Marly. Un lieu inédit, au croisement de la pratique et de la formation, où des étudiant·e·s supervisé·e·s par des professionnel·le·s proposent des consultations de santé pour la population fribourgeoise.
«Il ne s’agit plus seulement de soigner, mais de repenser notre manière de travailler ensemble». Les mots sont de Sylvie Bonvin-Sansonnens. Ce mardi 18 novembre 2025, dans l’un des locaux du très «startupien» quartier du Marly Innovation Center (MIC), la conseillère d’Etat fribourgeoise, qui dirige la formation et les affaires culturelles, participait à l’inauguration d’une nouvelle structure: le HUB InnoSanté.
Première structure de ce type dans le canton, ce projet est le fruit d’un mariage heureux. Une collaboration entre la Haute école de santé Fribourg (Heds FR) et l’Université de Fribourg (Unifr), en particulier son département de psychologie. Son but? Permettre à leurs étudiant·e·s de se frotter à la pratique professionnelle en recevant des personnes lors de véritables consultations, sous la supervision de professionnel·le·s expérimenté·e·s.
Communautaire et de proximité
Une douleur à l’épaule qui inquiète, un problème de mémoire préoccupant? Et si c’était alzheimer? Se sentir dépassé par une maladie chronique fraîchement diagnostiquée ou encore, pour ce senior, la peur de tomber qui le pousse à rester cloîtré chez lui. Autant d’exemples de problèmes pouvant conduire tout un chacun à franchir la porte du HUB, qui a ouvert en septembre 2025.
Ouvert du lundi au vendredi, de 8h30 à 17h, uniquement sur rendez-vous (via la plateforme Onedoc) et au prix de 15 francs la séance, le centre propose des bilans de santé, des bilans psychologiques et cognitifs, de l’accompagnement en cas de maladies chroniques, ainsi que des consultations ostéopathiques pour toutes personnes, dont des femmes enceintes ou en post-partum et des nouveau-nés.
Une respiration dans un système sous tension
«Renforcer la prévention et la promotion de la santé est l’une des missions du HUB», souligne Nataly Viens Python, directrice de la Heds FR. Parmi les autres objectifs du lieu, elle cite la formation en immersion pour les étudiant·e·s ainsi que le renforcement de l’offre de santé du canton. «Dans le contexte global actuel, les professionnel·le·s de la santé travaillent sous tension», continue la directrice, estimant que l’offre cantonale peut être complétée.
«Le système de santé de demain devra renforcer l’offre en soins primaires, proposer des structures communautaires et s’inscrire dans le low tech». Autant de points auxquels entend répondre le HUB. «C’est un outil important, en phase avec notre époque et ses besoins», salue pour sa part Stéphane Luyet. Chef du Service de la santé publique du Canton de Fribourg, il est aussi, avec le médecin cantonal, membre du comité de pilotage du HUB.
Pour lui, ce nouveau service représente un complément bienvenu à ce qui existe, dans un contexte de vieillissement de la population, d’augmentation des maladies chroniques et de hausse des coûts. «Les médecins restent la porte d’entrée principale dans notre réseau de soins à la personne», souligne le chef du Service de la santé publique. Le HUB, quant à lui, se concentre sur la prévention, la promotion de la santé et le soutien à l’auto-gestion.
Point fort: l’interdisciplinarité
Stéphane Luyet rappelle que le mot «hub» («moyeu» en anglais, ndlr), fait référence à un point de convergence. Et c’est en effet l’une des forces du HUB InnoSanté. Ici, les professions collaborent au lieu de simplement cohabiter sous le même toit. Soins infirmiers, ostéopathie et psychologie de la santé: trois professionnel·le·s de ces domaines accompagnent les étudiant·e·s dans ce lieu de formation pratique.
Pour Chantal Martin Sölch, le HUB a l’avantage de former à l’interdisciplinarité. La vice-rectrice de l’Unifr, également professeure en psychologie clinique de la santé, relève l’intérêt du HUB pour la santé mentale, dont les besoins en matière de soin augmentent dans le canton. «La psychothérapie demeure essentielle, mais l’accès rapide à un thérapeute n’est pas toujours simple aujourd’hui. Agir en amont sur la prévention et proposer un premier dépistage permet de rassurer. Et, de manière générale, permet de réduire les besoins en soins».
Sur le volet de la formation, Chantal Martin Sölch rappelle que les étudiant·e·s de master en psychologie doivent effectuer un stage obligatoire. «Le HUB représente donc la possibilité d’une activité clinique interdisciplinaire et supervisée». Elle tient à souligner que le montage du projet s’est fait avec le souci constant de ne pas faire de l’ombre aux professionnel·le·s pratiquant dans le canton.
Un plus pour la formation
Tandis que l’Etat de Fribourg, par le biais de la Heds FR, met en effet à disposition les locaux, les deux institutions sollicitent leurs ressources en matière de personnel. «Il ne s’agit pas pour nous de représenter une concurrence déloyale pour les ostéopathes de la place», souligne Frédéric Bosson, ostéopathe et maître d’enseignement de la filière ostéopathie de l’Heds FR.
«Nous avons une capacité de six patient·e·s par jour, là où un·e professionnel·le peut en accueillir le double. Ce lieu est d’abord un vrai plus au niveau de la formation, nous avons une prise en charge intégrée et nous prenons le temps de débriefer sur les situations, ce qui représente une plus-value énorme», continue le formateur.
«Très belle récidive»
Présent lors de l’inauguration, le conseiller d’Etat fribourgeois Olivier Curty, en charge de l’économie, de l’emploi et de la formation professionnelle, parle d’une «très belle récidive». Car l’Unifr et la Heds FR n’en sont pas à leur première collaboration. En 2020, elles lançaient CoSaMo (pour Consultation Santé Mozaïk), lieu de consultation de premier recours pour les étudiant·e·s et fourni par les étudiant·e·s en soins infirmiers, ostéopathie et médecine.
«CoSaMo fonctionne toujours bien aujourd’hui», relève Nataly Viens Python, qui se souvient que cela avait constitué une ressource magnifique durant le Covid. Le HUB InnoSanté, qui s’adresse à l’ensemble de la population, s’inscrit dans le prolongement de cette première inspiration.
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