Début 2024, la section Médecine de l’Unifr a procédé à un premier essai grandeur nature des examens en mode numérique. Sabine Morand, responsable du bureau des examens, évoque les avantages et les défis que représente la transposition des évaluations sur tablettes. Et en profite pour faire un appel du pied à ses homologues d’autres sections ou départements.
Malgré la centaine d’étudiant·e·s présent·e·s dans la salle, le nez collé à leur examen, il règne un calme olympien. Quelques éternuements et raclements de gorge mis à part, le silence est inhabituel. Presque étrange. Ce qu’il manque, ce sont deux bruits familiers, celui du grattement des stylos sur le papier et celui du froissement des feuilles que l’on retourne. Car au lieu des traditionnelles copies papier, les jeunes femmes et hommes se sont vu distribuer des tablettes tactiles, sur lesquelles ils et elles visionnent les questions et enregistrent leurs réponses.
Début 2024, la section Médecine de l’Unifr a testé pour la première fois un examen sous forme numérique à large échelle, c’est-à-dire sur une centaine d’étudiant·e·s et comprenant une soixantaine de questions. «Globalement, tout s’est bien passé», se réjouit Sabine Morand, en charge du bureau des examens des filières médicale et biomédicale. «Nous allons gentiment pouvoir commencer à généraliser cette pratique.»
Consortium basé en Allemagne
C’est en 2019, dans le cadre de l’introduction du Master en médecine à l’Unifr, que les responsables de la section ont commencé à s’intéresser de près à la numérisation des examens. En effet, «au niveau national, des tablettes sont utilisées pour les épreuves de l’examen fédéral, d’où ce besoin d’adaptation à Fribourg». L’alma mater faisait déjà partie depuis 2017 d’un consortium pour les examens basé en Allemagne, l’Umbrella Consortium for Assessment Networks, à laquelle sont notamment affiliées les Universités de Heidelberg, de Munich et de Göttingen, ou encore l’Université de Genève, la Haute école de santé Fribourg (domaine ostéopathie) et la Haute école spécialisée bernoise. Cette structure met à disposition divers outils personnalisables, parmi lesquels figure une application pour générer des examens écrits sur tablette.
Grâce au consortium, l’Unifr a notamment accès à une base de données permettant de créer des questionnaires à choix multiples (QCM) sur tablettes. Sabine Morand rappelle que les QCM constituent l’un des formats les plus utilisés lors des évaluations écrites en médecine et en sciences biomédicales. Les similitudes entre ces deux disciplines ne s’arrêtent d’ailleurs pas là: «Durant les deux premières années des cursus de Bachelor en Médecine humaine et en Sciences biomédicales, certains examens sont à 80%, voire à 90% identiques.» Une aubaine pour le bureau des examens, qui a ainsi eu accès à une cohorte d’utilisateur·trice·s bien étoffée lors des premiers examens numériques pilotes, qui se sont déroulés en 2021 et en 2022.
La particularité du bilinguisme
Outre le fait de profiter de l’expérience des autres hautes écoles membres, la participation au consortium présente un avantage de taille: «Nous bénéficions d’un développement quasi «à la carte» des outils dont nous avons besoin.» Car logiquement, chaque établissement étant différent, il n’existe pas de solution universelle convenant à chacun. «La principale spécificité de l’Unifr, c’est le bilinguisme», relève Sabine Morand. Il a donc fallu créer un programme permettant de sauter d’une langue à l’autre en temps réel, pour chaque question. «Cette contrainte de la langue a constitué un défi pour l’équipe technique du consortium mais le résultat proposé est simple et efficace pour les étudiant·e·s.»
Des atouts par rapport aux évaluations standard, les examens sur tablettes en ont d’autres. L’interface numérique permet de recourir à des formats de questions qui ne sont pas accessibles sur papier. «Dans le domaine médical, les questions Long Menu, qui comportent de très longues listes de réponses, sont par exemple fréquemment utilisées en pharmacologie. Les questions portant spécifiquement sur la radiologie ou l’histologie, elles, impliquent parfois que les futur·e·s médecins reconnaissent une structure montrée sur une image en l’indiquant directement sur l’écran. «Logiquement, la qualité et la précision des images numériques est nettement supérieure au rendu sur papier.»
A noter que le recours à des outils numériques dans le cadre des examens ne se limite pas uniquement au champ des QCM. «Dans le cadre de l’ECOS (ndlr: l’examen clinique objectif structuré (ECOS) est constitué de stations successives simulant une consultation médicale), la tablette permet de présenter le cas de façon plus réaliste et développée, en ayant notamment recours à des vidéos.»
Mutualiser les efforts
Si les examens sous forme numérique présentent des avantages certains, leur mise en place n’est pas sans défis. «Il faut engager ou former du personnel qui soit en mesure de gérer le support technique ainsi que les éventuels développements et adaptations des logiciels», souligne Sabine Morand. «Durant tout l’examen, un·e informaticien·ne doit se trouver dans la salle afin d’assurer le suivi.» Autre challenge d’ordre logistique, celui des locaux. «Jusqu’à présent, en cas de grandes cohortes, les évaluations se déroulaient à l’extérieur de l’Université, dans la Salle des fêtes.» Or, faire passer des examens sur tablette implique d’être sur le campus pour pouvoir se connecter aux serveurs de l’alma mater.
Une piste pour alléger ces problèmes serait de mutualiser les efforts au sein même de l’université. «Plus il y aura de départements qui proposent des examens sous une forme numérique, mieux nous serons armés pour envisager des solutions collectives.»
C’est donc un appel du pied à ses homologues d’autres sections et départements que fait la responsable du bureau des examens des filières médicale et biomédicale. «Même si je suis consciente que les formats d’examen et le type de questions peuvent être très différents d’une discipline à l’autre et que l’application que nous utilisons n’est pas adaptée à tous les domaines d’étude.»
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