Il s’en est fallu de peu qu’il ne tourne le dos à l’Université de Fribourg, lui qui cherchait une université pourvue d’un cercle de rhétorique. Puis, réflexion faite, il s’est dit qu’il suffisait d’en créer un pour que notre institution lui siée à merveille. Rencontre avec Antoine Lévêque, étudiant épris de poésie et d’art oratoire.
Pourquoi avoir décidé de créer un cercle de rhétorique à Fribourg?
J’ai failli m’inscrire à l’Université de Genève où il existait déjà une telle association, puis je me suis dit: «Pourquoi ne pas créer un club de débat, ici à Fribourg?» Après concertation avec des amis, nous avons convoqué une première assemblée générale en novembre dernier. Très vite, nous avons reçu le soutien financier de l’Association des étudiants et étudiantes de l’Université de Fribourg (AGEF) et la reconnaissance de notre association par le Rectorat. Aujourd’hui, nous avons déjà invité Johanna Gapany, conseillère aux Etats, et Marc Bonnant, avocat, pour nous parler de la rhétorique et de ses fonctions.
Donc la sauce a vite pris?
Et comment! Nous pensions que seule une dizaine de personnes allaient nous rejoindre. Finalement, notre groupe WhatsApp compte 120 membres! Bien que sans compétences oratoires incroyables, nous souhaitons toutes et tous apprendre à débattre à l’intérieur d’un espace bienveillant où chacun·e s’écoute et se répond avec respect. Il n’y a pas de confrontation!
Comment se déroule une réunion?
On débute par la présentation d’un sujet, sur lequel quatre personnes sont ensuite invitées à débattre. Une fois cette partie restreinte terminée, les autres participant·e·s posent des questions, puis procèdent à un vote pour désigner le ou la gagnante. Nous concluons la rencontre par un apéritif, comme il se doit.
Mais d’où vous vient cet intérêt pour l’art oratoire?
J’ai toujours aimé assister à des débats politiques. Dans un monde où l’on est beaucoup jugé sur l’apparence, il est essentiel de savoir s’exprimer de manière convaincante. La rhétorique ne consiste pas uniquement à être un beau parleur, mais elle requiert un fond sérieux. Il y a un but moral, celui d’apprendre à parler pour défendre des causes justes. Il y a un souci de la vérité.
Quel est l’orateur ou l’oratrice que vous admirez le plus ?
J’admire des personnages comme Marc Bonnant, Eric Dupont-Moretti, Robert Badinter, Barack Obama, Martin Luther King ou Winston Churchill. J’aime bien écouter et réécouter leurs discours. Les styles varient d’ailleurs beaucoup selon les pays. En Suisse, on valorise beaucoup la précision, la pertinence du discours bien plus que la forme. Alors qu’en France la construction du discours compte autant que le fond. La comparaison entre pays est très enrichissante. A mon sens, il n’y a pas un·e orateur·trice supérieur·e aux autres. Chacun·e a sa spécificité. C’est la raison pour laquelle notre club a pour ambition d’aider chacun·e à trouver son style. Il faut apprendre à magnifier sa façon naturelle de parler, trouver son approche plutôt que de tenter de singer d’autres personnes.
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Félicitations à Monsieur Lévèque pour son article de ce jour dans Le Temps