Souriante et décontractée, Sharon n’en est pas moins une personne de conviction. Depuis trois ans, l’étudiante en philosophie et anglais milite pour les droits des personnes LGBTQIA+ au sein de l’association LAGO.
Comment es-tu devenue présidente de l’association LAGO?
La présidence m’est un peu tombée dessus suite au départ de mon prédécesseur, mais j’avais de toute manière l’intention de m’engager dans la vie associative. Je craignais surtout de voir l’association disparaître si personne n’en reprenait les rennes. C’est important qu’elle ne meure pas. Je sais que les membres de la communauté LGBTQIA+ ont besoin d’un endroit où elles peuvent être elles-mêmes, rester tranquilles, un lieu où demander de l’aide, ne serait-ce même qu’une page facebook.
Quelle est la patte Sharon?
Je voulais plus de débats. J’ai par exemple mis sur pied une projection sur un film concernant l’orthodoxie juive, suivie d’un «café queer», une sorte de café scientifique, où l’on a abordé les liens entre religion et la communauté LGBTQIA+. On organise ces événements dans des lieux publics, comme au Tunnel, afin que nous ne débattions pas qu’entre nous, mais aussi avec des personnes plus critiques envers la communauté et sa place dans la société.
C’est un engagement politique en somme?
Nous ne sommes pas trop impliqués dans la politique. Cela dit, en tant que communauté LGBTQIA+, prendre place dans un lieu publique est déjà un geste politique, mais la seule action vraiment politique que nous ayons jamais organisée a eu lieu en octobre, avec la manifestation pour la suspension de l’enseignant qui a tenu des propos homophobes.
En quoi consiste ton cahier des charges?
Je dois avant tout gérer les collègues, m’assurer que la tâche qui leur a été attribuée soit correctement exécutée, comme par exemple réserver un local, créer un événement facebook ou prendre des contacts. Les membres du comité de LAGO sont des gens en or, très engagés, ils amènent pleins d’idées et me facilitent grandement la tâche.
Mais est-ce que ton engagement empiète parfois sur tes études?
C’est arrivé une fois, ce semestre, lors de la manifestation d’octobre. En général, on n’agit pas dans l’urgence, ce qui me permet de gérer correctement mes études.
Une anecdote positive ou négative qui te vient spontanément?
On reçoit souvent des messages de personnes qui tiennent à nous remercier, par exemple après un apéro au Centre Fries, qui nous écrivent que ça leur fait vraiment du bien de voir des gens comme elles.
Qu’est-ce que tu retires de cette expérience?
Je n’étais pas du genre à aller au-devant des gens, j’ai dû sortir de ma zone de confort. J’ose désormais passer un coup de fil, envoyer un mail, insister. Bref! J’ai moins peur d’exister et de demander au monde d’interagir.
Questionnaire existentiel express
La vie d’étudiant· e, c’est une vie…
De bonheur!
Diplôme en poche, que feras-tu de ta vie?
Pas de politique, mais je vais rester dans l’académique.
Dans 20 ans, comment vois-tu ta vie?
Je ne sais pas.
Le rêve de ta vie?
Changer le monde.
Le regret de ta vie?
Pas encore avoir changé le monde
Une devise pour la vie?
Beaucoup d’amour, pas de haine!
Sur ton lit de mort, en jetant un œil dans le rétroviseur, tu te diras que ta vie c’était quand même…
…Pas mal.
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