Dossier

Les humains pourraient-ils disparaître un jour? Arthur, 11 ans

Il y a, plus que dans l’air du temps, urgence, évidence et pertinence à s’inquiéter de la disparition des espèces, y compris la nôtre. On fait le point entre science et conscience…

La question fait actualité publique et débat chez les scientifiques. Chaque année annonce en effet son lot de disparitions d’espèces animales ou végétales et éveille les consciences, alertées plus encore par le réchauffement climatique et ses menaces sur la nature et les espèces, le clonage des animaux, les recherches futuristes pour en faire de même avec l’humain…

 

Nous autres, Homo Sapiens, n’existons pourtant que depuis 40’000 ans, et nos ancêtres ont supplanté une autre espèce voisine, l’Homme de Néandertal, disparue après plus de 100’000 ans. Hors anthropocentrisme, il y a sur Terre plus de 2 millions d’espèces, et la biodiversité en aurait déjà perdu près de 130’000, jadis identifiées. Explication scientifique: toute espèce aurait une durée de vie limitée à 5–10 millions d’années. La dernière extinction de masse, celle des dinosaures, date d’il y a 66 millions d’années, et les quatre précédentes étaient toutes dues à des phénomènes naturels. Alors comment notre espèce en serait-elle arrivée à provoquer la disparition des autres?

 

Droit à la catastrophe?

L’impact de l’activité humaine est une évidence: nous sommes des prédateurs-nés. L’agriculture, l’industrialisation, l’explosion démographique, les transports et des technologies gourmandes en énergie ont profondément bouleversé écosystèmes et environnement. Avec pour dégâts majeurs la destruction de l’habitat naturel, la surexploitation des ressources, la pollution et l’accélération de la disparition des espèces. En un siècle, le taux d’extinction s’est multiplié par plus de 100!

 

© Jan von Holleben

Une vitesse sans précédent dans l’histoire humaine et celle de la planète… Aussi, les pires scénarios nous prédisent que la sixième extinction de masse est en cours, catalysée par notre faute. Demain, les humains pourraient bien faire partie des espèces qui disparaîtront, et l’idée même de la vie sur notre planète pourrait mettre plusieurs millions d’années à s’en remettre.

 

De la responsabilité de chacun

D’après l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, qui dresse la liste «officielle» des espèces éteintes ou en danger d’extinction, les chiffres sont alarmants; mais il faut aussi souligner que notre récent sursaut de conscience, toutes ces expériences positives individuelles ou collectives, locales ou parfois globales, sont le début d’un mouvement d’espoir qui a déjà permis le succès de certaines actions de conservation. Alors parviendra-t-on à sauver la diversité de la vie ou courons-nous vers une catastrophe? Même si l’évolution est un processus sans fin, les dirigeants politiques et économiques, ceux d’aujourd’hui et de demain, ont de très lourdes responsabilités…

 

Au cours d’une vie humaine, il est certain qu’on verra disparaître des milliers d’espèces animales et végétales, et aussi en apparaître de nouvelles. A chacun d’agir pour un équilibre idéal, avec sens et conscience.

 

 

Notre experte Marie-Pierre Chevron est maîtresse d’enseignement et de recherche en biologie à l’Université de Fribourg et enseignante en biologie et en chimie au Gymnase intercantonal de la Broye.

marie-pierre.chevron@unifr.ch