Publié le 04.12.2018

« Vous êtes la lumière du monde ! »


Texte et photo : Marc-Olivier Girard / B. Hallensleben

Du 27 au 30 novembre, les étudiants et étudiantes de la faculté de théologie ont organisé sous leur propre responsabilité une « semaine interdisciplinaire », intitulée : « Vous êtes la lumière du monde ! ». Le frère Luc Devillers o.p., doyen de la faculté, a introduit le cycle de conférence en rappelant précisément cette exigence que le croyant a, de rayonner de son baptême. Le chrétien, disait-il, est rattaché de manière ontologique au Christ, lumière du monde. Ensuite, le comité d’organisation a souligné la nécessité d’intégrer dans tous les aspects de notre vie la vocation du chrétien à être lumière. La dynamique était lancée.

Sous le brouillard de la fin du mois de novembre, les visages des participants rayonnaient déjà à l’occasion du petit-déjeuner convivial proposé après l’ouverture. Dans la joie et l’abondance des pâtisseries préparées par quelques étudiants, des contacts fraternels ont pu ainsi être noués. Une fois rassasiés de ces échanges, une première approche du thème s’est faite par l’histoire de l’art, en l’espèce des œuvres de la Renaissance à travers les jeux d’ombre et de lumière qui caractérisent les œuvres de cette période.

Par la suite, le frère Philippe Lefebvre o.p. a tenu une conférence sur l’origine de la lumière dans l’Écriture sainte. Dans le récit de la Genèse, la parole est la lumière du premier jour. Partant, celui qui est lumière est source de la lumière et de la parole, comme le rappelle le Psaume 27. Les deux sont une même réalité adaptée et communiquée à notre condition humaine. Elle ne demande, par conséquent, que notre ferme adhésion.

Mercredi matin, M. le professeur Filip Karfik, Mme la professeure Laure Solignac et M. le professeur François-Xavier Putallaz ont présenté trois approches philosophiques différentes : celles de Platon, de saint Bonaventure et de saint Thomas d’Aquin. A la fine pointe des deux dernières perspectives, la lumière de la Révélation vient éclairer la lumière de l’intelligence. L’éclairage apparaît d’autant plus nourrissant pour des étudiants confrontés au relativisme et au subjectivisme sur des questions éthiques importantes, comme celle du suicide assisté par exemple. Quelle réponse opposer à la volonté corrompue ? M. le professeur François-Xavier Putallaz soulignait, en citant Fides et Ratio de saint Jean-Paul II, que l’issue de ces problématiques ne se situe pas seulement dans la compréhension, mais aussi dans la pratique, là où l’interpersonnalité et le contact avec la réalité permettent de facto d’exercer une vie vertueuse, loin de certaines positions idéologiques.

Le mercredi après-midi s’est concentrée sur la lumière naturelle. La première intervention de M. Zurwerra nous proposait une réflexion sur ce que signifiait pour le chrétien d’être lumière dans un monde digital. Il nous a indiqué quels changements la technologie digitale avait induits dans la société et quelles en étaient les conséquences pour l’homme. L’intervention de M. Geisler, Professeur de biologie à l’Université, a consisté à expliquer aux théologiens que nous sommes, ce qu’est la lumière en physique et quels impacts elle a sur les êtres vivants. Il s’est efforcé de nous montrer que la lumière est source de vie. La journée s’est terminée par une table ronde durant laquelle plusieurs témoins nous ont partagé leurs expériences de la lumière. Ce furent les premiers témoignages de la semaine.

Jeudi matin, trois points de vue théologiques différents ont été présentés par trois spécialistes en la matière. L’abbé Jean-Pascal Vacher nous a parlé du cardinal Charles Journet, qui fut transpercé par l’épanchement de la lumière de Dieu dans le cœur de l’Eglise. L’abbé Maurice Zundel a été introduit par l’abbé Marc Donzé, qui retenait de son enseignement trois chemins en rapport avec la lumière : l’émerveillement, le Christ et la marche à sa suite en tant que fille et fils de lumière. Le père Hans Urs von Balthasar a fait l’objet de la conférence de Mme la professeure Barbara Hallensleben : chez lui, l’identité de l’Eglise se tient du don parfait que Jésus a fait de lui-même sur la Croix.

L’après-midi, l’abbé Paul Frochaux a accueilli les participants à la cathédrale de Fribourg. Là aussi, trois regards sur la lumière ont été exposés. Un pope orthodoxe russe, le père Ioan Ciurin nous a rendu sensible à l’usage du thème de la lumière dans la musique liturgique en nous présentant l’une des plus vieilles hymnes chrétiennes qui nous est parvenue : le Phos hilaron (Joyeuse lumière). Il a commenté cette hymne et a appris aux étudiants à le chanter en slavon. Ensuite, l’abbé Paul Frochaux a guidé avec enthousiasme le groupe à travers la cathédrale pour nous faire voir les vitraux qui la composent. Une fois le parcours terminé, le frère Charles Desjobert o.p. a introduit le travail de la lumière par les différents dispositifs architecturaux contemporains. La journée s’est terminée par des vêpres solennelles incluant le rite du lucernaire. Durant les vêpres, le père Ciurin a chanté le Phos hilaron et les séminaristes ont assuré le service liturgique, ainsi que la psalmodie. Ce moment de prière était d’autant plus beau qu’il revêtait de la sorte une portée œcuménique.

La dernière journée a également commencé par un temps liturgique. Au cours de la prière du matin, dans un climat d’intimité, chacun a pu prendre une parole. Le frère Peter Spichtig o.p. a chanté et dirigé ce moment de prière à la lueur du jour qui naissait.

Quatre intervenants ont ensuite témoigné de leur vie missionnaire au service de la lumière : parmi eux se tenait une aumônière de prison (Mme. Débora Kapp), un supérieur de Séminaire (le père. Joël Pralong) qui accompagne des personnes dans des situations difficiles, un missionnaire (S. Ernst) et K. Staniul. Ce dernier nous a incité à nous engager dans des projets missionnaires et humanitaires.

Pour finir, le groupe Mirayon, qui était un invité surprise, nous a présenté son projet éponyme, qui est une réflexion sur la liberté telle qu’elle est proposée par les grandes firmes de télécom, à savoir posséder tout partout et tout le temps. Le groupe proposait plusieurs éléments de réponse à travers la musique. Quelques titres qu’ils ont composés ont été écoutés. Le but de cette dernière matinée était d’inciter les étudiants qui ont suivi la semaine interdisciplinaire à s’engager, pour être à leur tour lumière du monde.

La semaine s’est terminée par un apéritif convivial et fourni, dans une ambiance favorable à l’échange et à la détente.

Article cath.ch