Depuis 2020, près de cinquante cas de sexisme ou de harcèlement sexuel ont été reportés par les étudiant·e·s en médecine de l’Unifr dans le cadre de leur formation. Ne dévoilant que la pointe émergée de l’iceberg, ces témoignages prouvent qu’il est urgent de renforcer les mesures de prévention et d’action à l’encontre des comportements de ce type. Point de situation et tour d’horizon des structures d’aide existantes.
Le sujet n’est plus méconnu depuis un certain nombre d’années: les comportements à caractère sexiste sont loin d’être rares dans notre société, et le harcèlement sexuel l’est à peine moins. Cette problématique touche particulièrement les établissements qui ont une organisation hautement hiérarchisée, comme c’est le cas des hôpitaux. Si cette réalité a récemment fait l’objet d’une couverture médiatique dans d’autres cantons, Fribourg ne fait malheureusement pas exception.
C’est ce constat qui a mené à la fondation, en 2020, de l’association estudiantine CLASH-Fribourg (pour Collectif de lutte contre les attitudes sexistes en milieu hospitalier). Comme son homonyme pionnière lausannoise, elle vise à offrir une structure de soutien aux étudiant∙e∙s en médecine, dont le risque d’être confronté∙e∙s à des situations de harcèlement sexuel ou de sexisme, notamment dans le cadre de leurs stages à l’hôpital, est plus élevé que la moyenne.
Du sexisme… comme d’habitude
Pour que les institutions responsables de la formation médicale puissent agir à l’encontre des comportements discriminants et harcelants en leur sein, elles doivent d’abord être au courant de leur présence. C’est la raison d’être du formulaire de témoignage de CLASH, qui permet à toute personne de signaler anonymement un cas dont elle aurait été victime ou témoin dans l’un des lieux de stages en médecine du canton de Fribourg. Depuis octobre 2020, un total de 47 cas a été recensé par ce biais, comprenant majoritairement du sexisme ordinaire, tel que des blagues et des commentaires dénigrants, mais aussi des interpellations sur le physique, des attouchements et des agressions sexuelles. Alors que les trois quarts des personnes lésées étaient des femmes, la majorité des auteur∙e∙s étaient des hommes et avaient une fonction hiérarchiquement supérieure.
«Il est clair que ces chiffres ne montrent que la pointe émergée de l’iceberg, souligne une porte-parole de CLASH. On est tellement habitué∙e∙s au sexisme ordinaire qu’on ne le relève pas toujours, car cela prendrait aussi beaucoup d’énergie.» La peur des conséquences potentielles sur leur avenir professionnel est une autre raison pour laquelle les individus concernés n’osent pas toujours parler de ce qu’ils ont vécu. «Les rapports de pouvoir très verticaux, particulièrement présents dans le domaine de la médecine, représentent un risque supplémentaire que les personnes qui seraient victimes de certaines atteintes à la dignité ne les dénoncent pas», étaie Muriel Besson, responsable du Service égalité, diversité et inclusion (EDI) de l’Université de Fribourg (Unifr).
Des directives pour mieux protéger les étudiant∙e∙s
Sans statut d’employé∙e, les étudiant∙e∙s ne sont pas formellement protégé∙e∙s par la loi fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes (LEg), ni par l’ordonnance relative au harcèlement et aux difficultés relationnelles sur le lieu de travail (OHarc) de l’Etat de Fribourg. Afin d’étendre la protection légale à l’entièreté de la communauté universitaire, le Rectorat de l’Unifr a établi en 2003 ses propres directives concernant des mesures contre le harcèlement sexuel. Révisées en 2020, celles-ci instituent, d’une part, le Service de médiation (ou Ombudsstelle) comme instance de contact et de conseil pour toute personne ayant besoin de déposer une situation et, d’autre part, le Service EDI pour la mise en place de mesures d’information et de prévention spécifiques à ce thème.
La suite dans la partie 2…
S’il s’agit d’une situation de sexisme ou de harcèlement sexuel qui a eu lieu dans le cadre d’un stage ou d’un cours de médecine : Formulaire de témoignage de CLASH
Attention: Ces deux formulaires étant traités de façon strictement confidentielle, ils ne donnent pas automatiquement lieu à un accompagnement.
Si vous avez besoin d’être écouté∙e, conseillé∙e et accompagné∙e dans d’éventuelles démarches, vous pouvez vous adresser à l’un des services suivants:
Pour tous les membres de la communauté universitaire:
L’Ombudsstelle (Service de médiation) – un cadre neutre et confidentiel où vous serez écouté∙e, conseillé∙e et orienté∙e en fonction de vos besoins.
Le Service EDI est également en mesure de vous fournir cet accueil.
Pour les étudiant∙e∙s:
Le décanat de votre faculté
Pour les étudiant∙e∙s en médecine :
La ligne téléphonique de CLASH-Fribourg (les mercredis de 19h à 21h) : +41 (0)79 619 90 03
L’Institut de médecine de famille
Dans le cadre d’un stage à l’HFR ou au RFSM : la Consultation Espace santé-social ou le Bureau de l’égalité hommes-femmes et de la famille
Pour les employé∙e∙s de l’Unifr :
Votre supérieur∙e hiérarchique – il est de son devoir légal de protéger ses employé∙e∙s contre toute atteinte à l’intégrité sur leur lieu de travail.
Le Service du personnel, qui saura vers qui vous orienter
Dans les situations jugées graves, il est possible de s’adresser directement à un service externe, tel que :
Solidarité femmes Fribourg – Centre LAVI
La Consultation Espace santé-social de l’Etat de Fribourg
Le Bureau de l’égalité hommes-femmes et de la famille de l’Etat de Fribourg
Toutes ces personnes sauront vous apporter des conseils adaptés à votre situation, aspects juridiques compris.
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