Publié le 19.09.2020
Diminution de la diversité dans les rapports
Double victoire pour la NZZ: La Neue Zürcher Zeitung et la NZZ am Sonntag sont chacune en tête de leur groupe de référence. L'émission de radio «Echo der Zeit» obtient à nouveau la meilleure position dans le classement général. lematin.ch est le vainqueur du groupe dans les tabloïds et journaux gratuits, tandis que blick.ch est l’étoile montante de l'année. L’aperçu général montre que les médias suisses perdent de leur diversité. C'est le résultat du classement de la qualité des médias 2020 auquel a participé l'Université de Fribourg.
L'affaiblissement de la diversité est aggravé par des systèmes éditoriaux interconnectés: de moins en moins de rédactions décident des sujets, des opinions et des organisations qui reçoivent l'attention des médias. Cette concentration croissante de contenus dans les médias est problématique pour la démocratie et la société.
Une mesure de la qualité unique au niveau international
La troisième édition du classement de la qualité des médias examine la qualité des 49 plus importants médias d'information suisses en utilisant des méthodes scientifiques. A l'Université de Fribourg-Freiburg (Département des sciences de la communication et des médias, sous la direction de Diana Ingenhoff) et à la Haute école de Lucerne (Philipp Bachmann), la perception de la qualité est mesurée au moyen d'une enquête auprès d'une population représentative. Le Centre de recherche sur le public et la société (fög) de l'Université de Zurich, sous la direction de Mark Eisenegger et Daniel Vogler, mesure la qualité des articles à l'aide d'une procédure d'analyse de contenu. Cette double mesure de la qualité des médias est unique au niveau national et international.
Le classement est effectué séparément pour quatre groupes de médias ayant une orientation journalistique comparable. Le magazine d'information «Echo der Zeit» de Radio SRF est une fois de plus en tête de la liste des meilleurs médias d'information. Il définit la norme de qualité des médias en Suisse pour tous les titres examinés, tant en ce qui concerne l'analyse du contenu que les enquêtes d'audience. La NZZ imprimée est en tête du groupe des journaux quotidiens et en ligne, tandis que la NZZ am Sonntag est la mieux placée parmi les journaux et magazines du dimanche. Parmi les tabloïds et journaux gratuits, lematin.ch conserve sa position de tête. Le site d'information blick.ch est l'étoile montante du classement de la qualité des médias 2020, car il a obtenu le plus grand nombre de points de qualité de tous les médias d'information par rapport à 2018.
Bond qualitatif de la presse de boulevard
Les tabloïds et les journaux gratuits font état d'une amélioration de la qualité. Six des huit titres de ce groupe de médias ont amélioré leur qualité. Les deux offres en ligne lematin.ch et watson.ch sont en tête du groupe. Le plus grand bond en avant a été réalisé par le site d'information blick.ch. La qualité des reportages et la perception du public ont gagné 6 points chacune.
Les années précédentes, la qualité des sites d'information en ligne était généralement inférieure à celle des éditions imprimées. Le classement de 2020 montre une tendance inverse. La qualité des différents sites d'information en ligne s'améliore, dans certains cas de manière significative. Les éditions en ligne de la Berner Zeitung ou du Blick surpassent les valeurs des éditions imprimées. Cela confirme qu'il est possible de produire un journalisme de haute qualité en ligne malgré la pression de l'actualité.
Les journaux du dimanche et magazines sont de qualité relativement élevée, mais ils ont constamment perdu des points de qualité par rapport à 2018. Les pertes sont limitées à la qualité mesurée des rapports. Le grand public estime toujours que la qualité des journaux du dimanche est tout aussi élevée. L'exception est le SonntagsBlick qui, bien qu'il n'ait pas perdu de points, se trouve toujours en bas du groupe de comparaison.
Pour 14 des 21 journaux quotidiens imprimés et en ligne, la perte de diversité a été la principale caractéristique qui s'est manifestée ces dernières années. La perte de diversité s'observe surtout dans les médias intégrés dans des systèmes éditoriaux interconnectés et alimentés en contenus par des rédactions centrales.
Concentration croissante du contenu
La perte de diversité est accentuée par la concentration croissante des contenus dans les médias en raison de l'utilisation multiple des contributions dans des systèmes interconnectés. De moins en moins de rédactions décident des sujets, des opinions, des personnes et des organisations qui font l'objet d'une couverture médiatique, ce qui s'avère problématique pour la formation démocratique de l'opinion. Elle représente également un risque pour la réputation d'organisations telles que les entreprises ou les autorités publiques.
Une étude approfondie menée pour le classement de la qualité des médias 2020 montre une concentration croissante des contenus sur le marché suisse de la presse. En deux ans seulement, la proportion des utilisations multiples, dites «contributions partagées», est passée de 10 à 21 %. En 2019, la part des contributions partagées dans les rapports sur les questions politiques nationales est déjà de 41 %. Les moteurs de ce développement sont les systèmes interconnectés TX Group et CH Media.
Dans les deux systèmes, la part des contributions partagées a considérablement augmenté entre 2017 et 2019 – de 16 % à 37 % pour TX Group et de 12 % à 20 % pour CH Media. Dans les deux systèmes, le nombre d'éditoriaux, de commentaires et de critiques a également augmenté de manière significative entre 2017 et 2019 – de 12 à 22 % chez TX Group et de 8 à 25 % chez CH Media.
La rubrique régionale n'est pas affectée par la concentration du contenu des médias. Elle reste alimentée en contenu par des rédactions indépendantes dans des systèmes interconnectés. Cependant, une tendance à la boulevardisation peut être observée dans les reportages sur les sujets régionaux, tant chez TX Group que chez CH Media. La proportion de sujets people augmente, tandis que les reportages politiques régionaux, en particulier, perdent de leur importance.
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