Nuit des Musées: histoire en marche au Musée Bible+Orient

Nuit des Musées: histoire en marche au Musée Bible+Orient

En hommage à Jean Tinguely, qui aurait fêté ses 100 ans le 22 mai, la prochaine édition de la Nuit des Musées est placée sous le signe du mouvement. Elodie Bauer, responsable de la communication et de la médiation culturelle du Musée Bible+Orient, donne un avant-goût prometteur de la soirée qui vous y attend le 24 mai prochain.

Une collection d’objets est, par essence, statique. Comment vous y êtes-vous prise pour la «mettre en mouvement» dans le cadre de la Nuit des Musées?
En fait, c’est une perspective intéressante. Prenons par exemple cette magnifique momie de faucon, complètement statique, figée depuis des millénaires et pour l’éternité. Pour la réaliser, il a fallu qu’un artisan exécute des gestes techniques très spécifiques. La matière qui permet sa mise en forme, notamment celle requise pour l’embaumement, a dû être acheminée, parfois échangée, sur de grandes distances. Puis l’objet lui-même a été mis au jour en Egypte, avant d’être envoyé par-delà la mer Méditerranée jusqu’en Suisse. Cet objet, bien qu’immobile, n’est en réalité que mouvement.

Vous décrirez donc aux visiteuses et visiteurs les processus de fabrication des différents objets exposés?
Nous irons bien plus loin que cela. Si je continue avec l’exemple de la momie de faucon, on peut y déceler un mouvement symbolique très puissant: celui du passage de la vie à la mort, non pas considéré comme une fin, mais comme une continuité. La religion égyptienne est en effet la première à avoir évoqué une existence dans l’au-delà. C’est comme s’il y avait réellement un envol, un passage physique entre la vie et la mort. L’âme se meut, voyage du monde des vivants à celui des morts.

Et voici une vitrine qui évoque le thème de la sédentarisation. La sédentarisation est pourtant le contraire du nomadisme, et donc du mouvement.
Oui, on y découvre notamment un char en terre cuite datant du III millénaire avant Jésus-Christ. Il ne trouve son utilité que dans le mouvement: il ne fonctionne que s’il est tiré par des bœufs. Là, on se situe au niveau littéral du mouvement. Mais si l’on se place au niveau culturel, l’invention de l’agriculture et la sédentarisation vont entraîner des changements fondamentaux dans l’histoire de l’humanité. D’abord, cette innovation naît en Mésopotamie, puis sera adoptée par la plupart des cultures à travers le monde au cours des millénaires suivants. Ce changement de mode de subsistance mettra également en mouvement la vie culturelle et religieuse, la bouleversera même, puisqu’il s’accompagnera parfois d’un passage du polythéisme au monothéisme.

La visite se terminera avec la présentation de deux immenses rouleaux de parchemin. En quoi évoquent-ils le mouvement?
Sur le premier rouleau, qui est une Torah, on voit clairement le mouvement – extrêmement précis et standardisé – de l’écriture, de la main qui parcourt ce rouleau long de plusieurs mètres. Au niveau du contenu, ce sont des idées qui voyagent, qui sont partagées. Quant au support, qui est en peau, il a subi tout un processus: abattage de l’animal, préparation de la peau… autant de mouvements nécessaires. Sans compter que la personne qui souhaite lire le texte doit, au préalable, dérouler le parchemin. Donc oui, le moindre objet figé dans une vitrine, immobile depuis des millénaires, a non seulement requis des gestes et des mouvements pour être créé, mais il a parfois aussi enclenché des mouvements importants – des bouleversements même –, que ce soit au niveau des idées ou de la spiritualité.

Gardons le meilleur pour la visite. Comment se déroulera cette dernière?
Les visites peuvent durer une vingtaine de minutes, avec des guides germanophones ou francophones. Nous aussi, nous aimons voyager d’une culture à l’autre!

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The long and winding road! Après un détour par l'archéologie, l'alpage, l'enseignement du français et le journalisme, Christian travaille depuis l'été 2015 dans notre belle Université. Son plaisir de rédacteur en ligne? Rencontrer, discuter, comprendre, vulgariser et par-ta-ger!

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