Si vos collègues pleurent le jour de votre départ, c’est que vous avez été bien plus qu’une simple accointance. Gérard Morandi, «la force tranquille du service des bâtiments», vient de rendre son tablier après un quart de siècle de bons et loyaux services. Rencontre.
Est-ce que vous vous souvenez de votre premier jour de travail à l’Université de Fribourg?
Clairement, c’était le 1er avril 1999. On m’a donné un bureau et un ordinateur, puis on m’a invité à passer à l’économat pour chercher une agrafeuse, une perforatrice et des crayons. Comme auparavant j’étais conducteur de travaux sur des chantiers de construction, je me souviens avoir pensé, épaté: «Tu sors de la fouille, Gérard!».
Dans le fond, de quoi sont faites les journées d’un chef du Service technique du Service des bâtiments?
Je m’occupe de l’entretien et de la rénovation des locaux, ceux de Miséricorde et de Regina Mundi principalement. Prenons l’exemple de l’auditoire B. Nous avions remarqué que le mobilier était usé et les installations multimédias obsolètes. Il a donc fallu prévoir une rénovation qui respecte l’esprit du bâtiment. Le plus dur ensuite, cela a été de programmer les travaux de sorte à ne pas interférer avec les cours. D’où je venais, on se fichait de faire de la poussière et du bruit!
Il y a eu des réclamations?
Quelques fois, mais il n’y a qu’une façon de les éviter: il faut communiquer, communiquer et communiquer. Bien sûr, il y a eu des ratés.
C’est vrai? Avez-vous une anecdote qui vous revient?
Récemment, nous avions mandaté une entreprise spécialisée pour procéder au désamiantage des sanitaires. Cette entreprise a fait passer un tuyau à travers un local, afin de pulser l’air vers l’extérieur du bâtiment. Des personnes ont été épouvantées! Nous aurions pu mieux communiquer sur le sujet.
Et quel est le projet dont vous êtes le plus fier au cours de votre quart de siècle passé à l’Unifr?
Il doit s’agir de la restauration du pavillon de musicologie. Le parquet y est constitué de lamelles très fines d’essences de bois différentes. Nous avons travaillé avec des artisans vraiment très compétents. L’assainissement des magnifiques façades en béton bouchardé de Miséricorde a également représenté un immense défi s’étalant sur plusieurs années.
Qu’est-ce qui vous plaît dans ce bâtiment?
J’ai d’emblée été marqué par l’atmosphère de Miséricorde, la lumière des couloirs à toutes les périodes de l’année. Lorsque le temps est couvert, pluvieux, l’ambiance y est plutôt sombre, intimiste. Quand il fait beau, la lumière filtre à travers les claustras, à travers les jeux des plats et des vides. J’adore ça!
Demain (ndlr Le 25 janvier), vous allez définitivement quitter votre bureau. Qu’est-ce qui va vous manquer le plus?
L’ambiance de Miséricorde, qui parle à tous mes sens. On a le visuel avec les lumières, comme je le disais, l’ambiance sonore qui varient en fonction des heures de la journée. A ce propos, je me souviens de l’époque où notre bureau se situait près de l’aula magna. Nous entendions le pianiste prendre contact avec son instrument pour le récital du soir. Je m’en voudrais d’oublier l’ambiance olfactive.
Wie bitte?
Les tilleuls, l’odeur des tilleuls dans la cour de Miséricorde. C’est un peu ma madeleine de Proust. Ça me rappelle l’ambiance du village de mon enfance.
Ressentez-vous une petite angoisse à l’idée que tout cela prenne fin?
Non, je pars à la retraite assez sereinement. Je ressens le besoin d’avoir une vie où l’on court moins, de passer plus de temps dans la nature.
PS. Au moment de prendre congé de Gérard Morandi, la tête d’une de ses collègues se faufile dans la porte entrebâillée et glisse: «Tout le monde a essayé de s’opposer à son départ à la retraite, mais nous n’avons pas réussi!». Gérard Morandi va laisser un vide et il faudra plus que du béton bouchardé pour le reboucher.
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