Bien que la plupart d’entre nous ne sauraient dire un seul mot en rétho-romanche, nous avons toutes et tous ressenti de l’orgueil d’être citoyen·ne de la Suisse, ce minuscule pays qui compte quatre langues nationales. Professeur de romanche à l’Université de Fribourg, Matthias Grünert, avec le soutien de son collègue Renzo Caduff, a initié des élèves fribourgeois·e·s à cette langue aussi méconnue qu’attachante.
Matthias Grünert, qu’est-ce qui vous passionne dans le rétho-romanche au point de l’enseigner à l’Université de Fribourg et même à des enfants?
Le romanche est une langue dynamique qui accueille les influences provenant de ses «voisins forts» entre lesquels elle est coincée, tout en restant porteuse d’une identité régionale propre. Pour moi, comme linguiste, la grande variation dans l’espace romanche, ainsi que les discussions sur la promotion du romanche et la gestion du plurilinguisme dans les Grisons sont fascinantes.
Les enfants savent-ils que c’est la quatrième langue nationale?
Les enfants savent que le romanche est ancré en Suisse. Le fait d’être reconnu comme langue nationale a une portée symbolique, mais confère aussi un certain prestige à cette langue parlée par un groupe plus restreint que différentes langues non nationales (bien présentes, d’ailleurs, dans notre public d’enfants).
Qu’est-ce qui les intéresse dans le romanche?
Les enfants ont pu approcher une nouvelle langue dont elles et ils ont réussi à comprendre pas mal de mots en découvrant des ressemblances avec d’autres langues.
Qui étudie encore le romanche de nos jours, langue parlée par seulement 0,5 % de la population suisse?
Les futur·e·s enseignant·e·s des écoles grisonnes, celles et ceux qui veulent travailler dans les médias romanches, dans les organisations et les sections de l’administration impliquées dans la promotion de la langue, dans des projets de recherche linguistique… les débouchés sont nombreux !
A quoi ça sert?
L’enseignement et les recherches menées par les universités font partie de l’ancrage institutionnel du romanche. Le romanche a sa place dans le système scolaire des Grisons, dans les médias régionaux et dans l’administration. Pour ces domaines, les compétences transmises par les universités sont importantes.
Si j’apprends le romanche et que je le parle, même mal, dans les Grisons, me répondra-t-on en romanche ou en suisse-allemand?
L’effort de parler le romanche est, bien sûr, récompensé dans les échanges avec les Romanches. Mais étant donné que les Romanches sont plurilingues, il faut avoir une certaine fluidité pour pouvoir maintenir la langue dans une conversation prolongée.
Le romanche va-t-il survivre au XXIe siècle?
Sans doute! Les données statistiques récentes nous disent que la proportion des jeunes parmi les romanchophones n’est pas très éloignée de la proportion du même groupe d’âge dans l’ensemble de la population. Actuellement, il y a donc toujours une base pour transmettre la langue aux générations futures.
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