Défait il y a trois ans, l’Etat islamique a laissé derrière lui une terre exsangue. Villes sous les décombres, idéologie fanatique et infrastructures insuffisantes. Le retour des chrétiens dans leurs régions d’origines, en particulier, est difficile. Le vendredi 31 mai, le Docteur Ghazwan Youssif Baho, recteur du Babel College, est invité par la Faculté de théologie pour exposer la complexité de la situation.
Trois ans après le fin de l’Etat islamique, comment se porte l’Irak?
L’Irak souffre encore. De nombreuses villes sont encore entièrement détruites. L’État islamique a été vaincu en tant que force militaire, mais son idéologie est enracinée dans la pensée d’un grand nombre de musulmans fanatiques. Il y a beaucoup de cellules dormantes. Des voitures piégées sont quotidiennement utilisées dans différentes régions du pays. Nous vivons dans la crainte du retour imminent de l’Etat islamique et de cette paix dangereuse… A part dans la région du Kurdistan, qui, elle, est bien sécurisée.
De manière générale, les infrastructures du pays sont-elles efficientes?
Les infrastructures du pays ne sont pas suffisantes. Cinquante pourcent de l’ancienne ville de Mossoul se trouve encore sous les décombres. Ses églises sont presque toutes hors d’usage.
Les chrétiens qui ont dû fuir ont-ils pris le chemin du retour?
Sur plus de 100’000 familles chrétiennes qui habitaient Mossoul, moins de 100 y sont revenues… Sur les 10’000 familles de la plaine de Ninive, seule la moitié est de retour. Certaines villes, comme Telesqof, sont revenues à la vie avec un millier de familles. A Qaraqosh, et d’autres petits villages, ce sont 3’000 familles sur 5’000 qui sont revenues. Tandis qu’une autre ville chrétienne, Batnaya, qui comptait environ mille familles, est encore à quatre-vingts pourcents sous les décombres.
L’Etat en place soutient-il cette démarche?
L’État actuel ne soutient pas cette démarche. C’est grâce à l’Eglise et à la collaboration de certaines organisations humanitaires internationales telles que le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), ainsi que des organisations de l’Eglise catholique romaine, française, allemande et d’autres Etats européens que cette démarche a été initiée.
Comment voyez-vous les trois prochaines années?
Nous espérons qu’elles seront meilleures, mais nous restons dans l’expectative. Tout est noir. Pourtant, nous gardons espoir en notre Seigneur et nous restons enracinés dans notre pays.
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- La conférence du «Situation des chrétiens en Irak après l’Etat islamique» se tiendra le vendredi 31 mai 2019 à 16h00, salle 3115, Miséricorde.
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