Dans le cadre de sa thèse, Romain Valadaud a arpenté durant cinq mois le sud du Népal. Le géographe y a étudié les liaisons, parfois dangereuses, entre le monde politique et les associations qui gèrent les canaux d’irrigation.
Son terrain de thèse ne ressemble en rien au Népal, tel qu’on se l’imagine. Juché sur sa moto, Romain Valadaud, géographe à l’Université de Fribourg, a sillonné durant cinq mois le Taraï, une zone de plaine qui s’étend le long de la frontière indienne. Le Montpelliérain y a observé la manière dont le politique s’est immiscée, au fil du temps, dans la gestion des systèmes d’irrigation. «Historiquement, explique-t-il, les canaux étaient du ressort de l’Etat népalais, qui, progressivement, en a cédé la gestion à des associations d’irrigants.»
Sans grande surprise, Romain Valadaud a pu remarquer que certaines personnes disposant de beaucoup de capitaux sont parvenues à accaparer les positions dominantes au sein des associations d’irrigation. C’est ce processus qu’il étudie: «Si vous contrôlez les canaux, vous pouvez diriger l’eau vers les gens qui votent pour vous! Il y a potentiellement un cercle vicieux entre la gestion de l’irrigation et la vie politique.» Le géographe aimerait qu’à l’avenir les programmes de développement prennent davantage en compte cette relation, jusqu’alors négligée.
Bien que purement académique, le sujet n’en est pas moins délicat, puisqu’il met en lumière des luttes de pouvoir. Sur le terrain, ses interlocuteurs l’ont parfois pris pour un émissaire de la Banque mondiale. «Il est arrivé que des paysans avec qui je m’entretenais, saisis d’un doute à mon égard, regrettent de s’être laissés aller à la confidence, de peur d’en avoir trop dit.»
Au Népal, les canaux d’irrigation permettent également de s’adonner à la pêche.
Une aventure humaine formidable
Mais les rencontres déplaisantes sont restées l’exception. Entre deux relevés topographiques, Romain Valadaud, flanqué de son guide et ami Sanjai Mehata, a abordé une cinquantaine d’agriculteurs dans leurs champs. Ceux-ci n’ont pas toujours su cacher leur curiosité face à ce blanc intéressé à des détails sans importance à leurs yeux. «Dans ces cas-là, baragouiner le népalais, ça aide énormément à nouer des contacts!»
Romain et son interprète en pleine discussion avec des irrigants.
Une heure d’entretien requiert entre cinq et six heures de transcription et de traduction. Multipliée par cinquante, on comprend que le séjour au Népal n’a pas été de tout repos. «A cela, il faut ajouter les heures de moto et les relevés, dessinés sous un soleil de plomb ou sous la pluie», s’empresse de préciser Romain.
Il ne craint plus personne en Honda CB Shine
Voyager, en particulier pour une thèse, c’est aussi explorer ses limites, tester sa résistance psychique, éprouver le mal du pays, passer du doute le plus profond à l’euphorie la plus complète. Un vrai Himalaya des états d’âme, avec des hauts stratosphériques et des bas insondables. «Parfois, on se sent seul. Mais la solitude n’est pas forcément une mauvaise compagne. On se met sur un toit, on regarde le coucher de soleil, le temps passe, les étoiles arrivent… il faut apprendre à aimer ces instants passés seul avec soi-même.»
Le Népal à moto. Un rêve se réalise!
Et aux moments de calme succèdent les virées pétaradantes. Jusque là grand amateur de VTT, Romain a découvert les joies de la moto sur les routes sinueuses du Népal. «Il y a ce sentiment de liberté où tu as juste envie de crier sous ton casque! Ma moto a été une alliée formidable et j’espère qu’elle le sera encore lors du prochain terrain.»
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- Photos: Romain Valadaud
- Photo de une: Leader du village appliquant le «tikka» lors du festival de Dashain
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