Rapport de la Rectrice

 

Katharina Fromm
Rektorin

Ma première année au Rectorat a été marquée par plusieurs défis majeurs. Me fondre dans le poste de rectrice a nécessité l’escalade d’une courbe d’apprentissage plutôt raide, tout en élaborant le programme du Rectorat pour les prochaines années. Mais il a aussi fallu gérer une occupation de l’Université et se confronter à une situation financière, géopolitique et immobilière de plus en plus difficile. Ces défis requièrent de la volonté, un sens de l’adaptation, une réactivité et une certaine agilité, tout en maintenant les missions de base de l’Université: l’enseignement, la recherche et l’innovation.

La stratégie 2030 de notre Université prévoit une croissance du nombre d’étudiant·e·s. Pourtant, depuis plusieurs années, alors même que la plupart des autres institutions relèvent une augmentation constante, nous faisons face à une stagnation. Economiquement, cette situation diminue nos recettes, au moment même où les coupes budgétaires cantonales et fédérales menacent notre bon fonctionnement. Notre Université doit donc réaliser des efforts à tous les niveaux pour ne pas perdre davantage en attractivité et rester compétitive.

Vers une université 4.0

L’Unifr se veut une université cantonale complète, car cela est une force. Les grandes questions de notre société actuelle ne peuvent être résolues qu’au travers de travaux inter- et transdisciplinaires. Notre institution possède déjà un bon nombre d’instituts interfacultaires et renforce toujours davantage les collaborations, à l’exemple du nouveau Centre de recherche et innovation dans le domaine de l’agroalimentaire (FRIC) qui a officiellement débuté ses activités en 2024. Cette capacité est aussi reconnue par nos partenaires tels que La Poste et La Mobilière qui, chacune, misent sur cette approche holistique. Cependant, si les partenariats public-privé sont davantage bienvenus, ils ne nous sauveront pas en période de crise.

Une autre force de notre Université réside dans sa capacité à évoluer en permanence. Ainsi, avec l’introduction de l’intelligence artificielle (IA) à tous les niveaux, notre Alma Mater a coché l’une de deux cases pour devenir une université 4.0. En effet, grâce à des investissements non négligeables, nous avons introduit l’utilisation des technologies telles que l’IA, la réalité virtuelle et augmentée ainsi que les plateformes d’apprentissage en ligne. Ces nouvelles technologies posent toutefois aussi des questions importantes, par exemple autour des règles légales, morales et éthiques à appliquer. Il a fallu aussi mettre en place la formation des enseignant·e·s et des étudiant·e·s à l’utilisation de ces nouvelles technologies et adapter les programmes d’études pour y inclure des compétences numériques. Ces outils transforment les méthodes d’enseignement traditionnelles en expériences d’apprentissage immersives et adaptatives, favorisant ainsi l’apprentissage à distance et l’inclusion. Au niveau des services de l’administration, de nouveaux programmes de business intelligence permettent de consulter des indicateurs utiles au pilotage de l’Université. Bien entendu, ces technologies doivent être intégrées de manière durable en minimisant l’empreinte écologique et en promouvant des pratiques respectueuses de l’environnement.

Autre caractéristique d’une université 4.0 sur laquelle nous travaillons: l’intégration active de notre Alma Mater dans son environnement local, soit l’économie, la politique et la société en général. Ainsi, notre Université renforce ses partenariats avec les entreprises, tant au niveau de la recherche de base que de la recherche appliquée. Parallèlement, nous cherchons à aligner nos programmes éducatifs sur les besoins du marché du travail, facilitant ainsi l’insertion professionnelle de nos diplômé·e·s. Dans ce cadre, les échanges avec les players de l’économie locale sont cruciaux et continuent à évoluer positivement.

Nous devons également jouer un rôle actif dans la communauté locale, en offrant des formations continues et en participant à des projets de développement communautaire. Explora reste, par exemple, un moment important (parmi d’autres bien sûr) de contact avec la société, et nous pouvons citer de nombreux projets au travers desquels nous avons renforcé ces liens: i) avec la Ville de Fribourg, nous collaborons par exemple au Réseau des villes créatives de l’UNESCO (RVCU) dans le domaine de la gastronomie ainsi qu’au programme d’artistes en résidence; ii) avec le Canton, l’Université soutient la stratégie agroalimentaire, de la construction et de la bioéconomie, collabore avec la Promotion économique et contribue au rayonnement international, entre autres avec des partenaires stratégiques de l’Etat, tels que le Grand Est.

Bâtiments et finances

L’Université s’intègre aussi dans son environnement de manière physique, à travers son parc de près de 48 bâtiments répartis à travers toute la Ville. Tous ces bâtiments ont besoin de rénovations – l’Etat, à qui ils appartiennent quasi tous, a reconnu ce besoin et fait avancer un bon nombre de dossiers, dont celui de la Tour Henri, pour renforcer le campus Miséricorde, ainsi que le masterplan de Pérolles pour la Faculté des sciences et de médecine qui est, selon une étude externe, extrêmement à l’étroit comparée à celles d’autres universités suisses. La totalité de ces projets de construction et de rénovation nécessite de larges budgets qui devront être votés par le peuple. Nous devons donc nous retrousser les manches pour les défendre.

En parallèle, il faut aussi assurer un financement suffisant pour soutenir les activités académiques, la recherche et les infrastructures, ce qui est actuellement un défi constant. D’un côté, il faut convaincre l’Etat de Fribourg que l’Université représente un atout pour le Canton et mérite la garantie d’un financement de base solide. Toutefois, en pleine cure d’austérité, il s’agit aussi de minimiser les dégâts tout en traversant une phase douloureuse de coupes budgétaires. De l’autre côté, l’Unifr, en concurrence permanente avec les autres universités suisses qui, elles, investissent et établissent des collaborations stratégiques à travers le monde, doit aussi diversifier ses sources de financement et se positionner de manière stratégique. Cette stratégie doit être élaborée dans les facultés en observant, par exemple, les indicateurs européens mentionnés dans le rapport Draghi et en tentant d’élaborer un compas de compétitivité pour notre Université.

Ces processus ne peuvent aboutir que si nous tirons toutes et tous à la même corde. Ensemble, on va y arriver!