A l’instar de la flore intestinale chez l’humain, les plantes abritent un microbiote complexe dont dépend leur état de santé. Laure Weisskopf, professeure au département de biologie de l’Université de Fribourg, souhaite le mettre à contribution pour protéger les cultures de certains microbes nuisibles. Une solution d’avenir pour une agriculture durable. Elle tiendra une conférence sur ce thème passionnant ce jeudi.
Pourquoi utilise-t-on encore des traitements chimiques sur les cultures alors qu’on connaît leurs effets potentiellement toxiques?
Tout comme nous, les plantes doivent faire face à des maladies. Si l’on veut s’assurer une récolte suffisante, que cela soit pour la manger ou pour la vendre, on doit faire avec les moyens dont on dispose aujourd’hui, en l’occurrence des pesticides chimiques.
Vous tentez d’utiliser des bactéries pour protéger les cultures des microbes nuisibles. Est-ce une alternative aux traitements classiques ou une méthode complémentaire?
Pour l’instant, on n’en est pas encore au stade où l’on pourrait se passer des produits de l’agriculture conventionnelle. On tente bien sûr d’en diminuer l’utilisation. Il y a cependant une ressource qui reste peu exploitée, ce fameux microbiote des plantes qui renforce leur système immunitaire. Chez l’humain, les bactéries du tube digestif ou de la peau aident à lutter contre les micro-organismes pathogènes. C’est pareil chez les plantes où les bactéries et les champignons présents sur les feuilles et dans le système racinaire peuvent être mobilisés pour lutter contre certaines maladies.
Et comment cela fonctionne?
Si vous passez votre nez sur une culture de bactéries, vous remarquerez qu’elle dégage une odeur assez forte mais, jusqu’à peu, on ignorait que celle-ci revêtait une fonction biologique. Ce n’est d’ailleurs pas uniquement le propre des bactéries et des champignons, mais bien le fait de tous les organismes. Nous aussi nous transmettons des informations par les odeurs. Ne dit-on pas qu’on ne peut pas sentir quelqu’un? Ainsi, les micro-organismes des plantes émettent des composés chimiques volatils, des «odeurs», qui leur permettent de communiquer entre eux.
C’est cette communication que vous souhaitez étudier?
Oui car certaines bactéries de la plante vont produire des odeurs qui vont réveiller son système immunitaire, voire devenir des armes chimiques contre les agents pathogènes qui provoquent des maladies. Nous essayons de comprendre quels types de molécules sont émises, comment les pathogènes et la plante les perçoivent. Le but ultime, c’est d’utiliser cette communication entre micro-organismes pour protéger les cultures.
- Conférence: Jeudi, 28.10.2021, 20h15, Auditoire de Biologie végétale, Rue A. Gockel 3
- Weisskopf Group
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