Recherche sur le sommeilPublié le 25.08.2021
Mieux dormir avec les bons mots
Des chercheurs de l’Université de Fribourg démontrent que la qualité du sommeil est influencée par les pensées qui occupent notre esprit lorsque nous sommes endormis. Cette étude constitue une base très utile pour l’élaboration de nouvelles interventions visant à optimiser la qualité du sommeil, y compris pendant celui-ci.
Jusqu’ici, nous ne savions pas encore précisément si et comment les pensées qui occupent notre esprit avant l’endormissement influencent la qualité du sommeil profond ultérieur. Dans le cadre du projet ERC «MemoSleep» du prof. Björn Rasch, les chercheurs ont formulé une théorie selon laquelle les concepts mentaux tels que «sommeil», «détente», «environnement sûr», mais aussi «stress», «pression de la performance» ou encore «environnement non familier» restent actifs pendant l’état de sommeil inconscient et ont une influence sur la qualité de ce dernier.
Des concepts mentaux qui agissent longtemps
Quand ces concepts sont activés au moment de l’endormissement, ils peuvent exercer une influence directe sur le sommeil profond des heures plus tard. Cela s’explique par le fait que ces concepts sont étroitement liés à des réactions de détente physiques, telles que le ralentissement du rythme cardiaque ou la chute de la pression artérielle. Dans une étude récemment publiée dans le magazine spécialisé Sleep, les chercheurs apportent de premières preuves de l’application de cette théorie à la pratique: «Nous avons démontré que l’activation de concepts psychologiques associés à la détente pendant le sommeil pouvait entraîner un sommeil plus profond, tant subjectivement qu’objectivement, et ainsi améliorer la fonction de repos de ce dernier», déclare le doctorant Jonas Beck, qui a mené l’étude au Département de psychologie appliquée.
Un sommeil plus profond grâce à des mots apaisants
Au total, 50 jeunes dormeuses et dormeurs ont participé à l’étude de l’Unifr et passé deux nuits au laboratoire du sommeil. Pendant la première nuit, les chercheurs ont diffusé à faible volume dans un haut-parleur des mots apaisants, tels que «détente» ou «mer». Pendant la seconde nuit, des messages de commande ont été diffusés. Pour mesurer objectivement le sommeil, l’activité électrique du cerveau a été enregistrée à l’aide d’un électroencéphalogramme (EEG), l’accent ayant été mis sur la durée du sommeil profond. Les scientifiques ont également analysé les signaux de l’EEG mesurés dans les 5 secondes suivant la diffusion de chaque terme. Le lendemain, les sujets ont été invités à se prononcer sur la qualité de leur sommeil et leur état d’éveil.
Les chercheurs spécialistes du sommeil Jonas Beck et Björn Rasch ont ainsi pu prouver que le sommeil profond des sujets était plus long avec la diffusion de mots apaisants qu’avec celle de messages de commande. Ils ont par ailleurs démontré que dans les 2 à 3,5 secondes suivant la diffusion des mots apaisants, un plus grand nombre d’ondes lentes apparaissaient sur l’EEG. Or, ces ondes sont essentielles à la fonction de repos du sommeil. Par ailleurs, la diffusion des mots apaisants s’est traduite par un sommeil plus profond à la fois objectivement mesurable et subjectivement évalué comme tel le lendemain: les participant-e-s ont donné une note nettement plus élevée à la qualité de leur sommeil et à leur état d’éveil au matin.
Les résultats de cette étude fournissent de premières preuves de l’influence potentielle de l’activation de concepts mentaux tels que la «détente» sur la physiologie du sommeil et l’évaluation subjective de la qualité de ce dernier.
Un repos optimisé par de nouvelles interventions
«Nous partons du principe que les mots diffusés pendant la nuit ont activé le concept de «détente» et les fonctions du corps associées. Ce faisant, ils ont modifié la profondeur du sommeil. Cela pourrait expliquer pourquoi la qualité du sommeil et le repos sont moindres lorsque nous passons la soirée à ruminer sur un examen à venir. Le concept mental «examen» ou «stress» reste présent pendant la nuit et active les réactions du corps associées au stress, d’où un sommeil moins profond, voire des réveils nocturnes ou très matinaux», explique Jonas Beck. Les résultats de l’étude fournissent ainsi de premiers éléments d’explication sur l’influence de l’activité du cerveau avant l’endormissement sur la qualité ultérieure du sommeil. En outre, cette étude constitue une base très utile pour l’élaboration de nouvelles interventions visant à optimiser la qualité du sommeil et le repos qui en découle, y compris pendant celui-ci.
Littérature:
Beck J., Loretz E., Rasch B.: Exposure to relaxing words during sleep promotes slow-wave sleep and subjective sleep quality. Sleep. 2021; zsab148; DOI: https://doi.org/10.1093/sleep/zsab148
Date de publication: vendredi 11 juin 2021