Après des années de recherches, passer enfin à la rédaction de sa thèse constitue l’ultime épreuve. Pour aider ses doctorant·e·s à la surmonter, le Graduate Campus de l’Université de Fribourg les a convié·e·s à une retraite d’écriture de trois jours au château de Münchenwiler.
C’est un véritable havre de paix sur lequel on ne saurait tomber par hasard. Invisible depuis le rail, qui ne passe pourtant qu’à quelques encablures, loin de la route, le château de Münchenwiler, Villars-les-Moines en français, est un trésor caché. Dans la cour intérieure, confortablement installée à l’ombre d’un érable, Lucia Leoni, doctorante en histoire contemporaine, travaille sur un texte dont elle bariole les paragraphes avec méthode. Plus loin, assis sur un banc, René Iseli, doctorant en physique, discute avec son coach de la meilleure manière de coucher ses idées sur le papier. Doctorante en médecine, Claudia Mellenthin, elle, rassemble ses idées au milieu des pépiements des oiseaux. Les trois étudiant·e·s participent à une retraite d’écriture proposée par le Graduate Campus, plateforme interfacultaire de l’Université de Fribourg qui encadre tous·tes les doctorant·e·s. Ici, l’ambiance est aussi médiévale que studieuse!
Un lieu hors du temps pour se concentrer pleinement
Rédiger une thèse est un défi de taille, aussi bien au niveau plan scientifique que psychologique. Qui ne serait pas saisi d’un vertige lorsque vient, enfin, le moment d’essorer ses circonvolutions, grosses d’années de recherche, d’errements, d’espoirs et de désespoirs? Il faut pourtant bien se lancer, oser prendre la plume, au risque sinon de se perdre. Afin de leur donner un cap, Mirjam Andexlinger a eu l’idée d’offrir aux doctorant·e·s de l’Université de Fribourg une retraite de trois jours et deux nuits dans ce château enchanté, si loin des distractions habituelles: «C’est une immersion totale qui les coupe de leur environnement de travail quotidien et de leur routine. Cela permet non seulement de renouer avec la concentration profonde, d’éviter la procrastination, mais aussi de partager ses expériences avec des pair·e·s au même stade de leur thèse mais issu·e·s d’autres disciplines. C’est un moment rare où tout est pensé pour écrire!»
Accompagnement personnalisé
Le programme propose un coaching trilingue – français, allemand, anglais – afin de répondre aux besoins spécifiques de chaque doctorant·e. «Il ne faut pas oublier non plus que la culture d’écriture varie beaucoup selon les domaines», ajoute Mirjam Andexlinger.
Au-delà des conseils techniques sur la rédaction, les coaches aident également à gérer le stress, les doutes et les blocages psychologiques. Ils encouragent aussi l’usage d’outils modernes, comme l’intelligence artificielle, pour faciliter l’écriture et l’organisation des idées.
Résultats garantis
Dans sa thèse, René Iseli explore les propriétés de nanomatériaux interagissant avec la lumière et dont il a bon espoir qu’ils puissent un jour servir à fabriquer des cellules solaires ou des puces pour des calculs optiques. Son coach à Münchenwiler, Markus Matter, lui a permis de dépasser la peur de la page blanche. «Ce que je retiens de ses conseils, c’est d’avoir des attentes très basses pour écrire le texte, tant au niveau de la qualité, de la quantité que de la lisibilité», résume l’étudiant bernois. Mais est-ce que cette retraite lui permettra de livrer une thèse de meilleure qualité? «Peut-être, mais ce dont je suis certain, c’est que je pourrai plus vite lui mettre un point final.»
Lucia Leoni, elle, rédige une thèse sur l’évolution de la photographie et des films de montagne au Canada et en Suisse. L’étudiante en histoire contemporaine apprécie particulièrement de pouvoir bénéficier des conseils d’un coach de langue maternelle anglaise ainsi que de certaines astuces: «Il m’a conseillé de travailler avec des codes couleurs afin de mieux structurer mes idées.» La tessinoise en est convaincue, elle repartira de Münchenwiler plus confiante. «Cette retraite a rafraîchi mes idées. J’ai pu voir ma thèse avec un regard neuf, échanger avec d’autres doctorant·e·s. C’était très stimulant!»
Quant à Claudia, médecin de profession, elle a décidé de se lancer dans une thèse de doctorat après une mésaventure: «L’un de mes patients est décédé d’un cancer du pancréas que je n’ai pas su diagnostiquer assez tôt. Je me suis demandé ce que j’aurais pu faire de mieux, d’où mon retour sur les bancs de l’université.» La doctorante juge ces trois jours de «réclusion» très positivement. «C’est une vraie parenthèse de tranquillité et mon travail s’en trouvera amélioré!»
Viatique pour la route
Pour Mirjam Andexlinger, cette retraite d’écriture révolutionne le parcours doctoral: «C’est une offre importante, soutenue financièrement par le Rectorat, parce que les doctorant·e·s, surtout en fin de thèse, se retrouvent souvent seul·e·s ou sont accaparé·e·s par un emploi, soit à l’université soit ailleurs. Le processus d’écriture se fait alors par phases. Or, ici, nous leur offrons trois jours complets pour écrire.» Le but n’est toutefois pas forcément que les étudiant·e·s aient écrit le plus grand nombre de pages au terme de leur séjour, mais de repartir avec les outils et l’énergie nécessaires pour finaliser leur thèse. Il ne s’agit pas de quantité, mais de qualité. Si les doctorant·e·s restent dans ce «flow», je suis convaincue qu’ils et elles auront l’élan pour achever leur thèse dans les meilleures conditions», conclut l’instigatrice du projet.
Retraite d’écriture en bref
La retraite est entièrement gratuite et limitée à 14 participant·e·s issu·e·s de toutes les facultés.
Les doctorant·e·s séjournent, mangent et dorment durant trois jours et deux nuits au château de Münchenwiler, avec le seul objectif de se concentrer sur leur thèse. Les doctorant·e·s bénéficient d’un coaching en trois langues, français, allemand, anglais.
Graduate Campus pour les étudiant·e·s
Cette retraite fait partie de l’offre du Graduate Campus et vient s’ajouter à de nombreuses prestations, telles que:
- L’événement « Welcome PhD » en début de doctorat (informations pour nouveaux doctorant·e·s)
- Divers ateliers tout au long de l’année (ex. préparation à la soutenance)
- Un cycle d’ateliers sur la motivation, la planification de carrière, la définition d’objectifs internes
- Un jour d’écriture mensuel au Pavillon Vert, pour écrire, échanger, gérer blocages et surcharge
Graduate Campus pour les directeurs·trices de thèse
Il existe également des prestations pour les professeur·e·s, dont deux ateliers par année sur des sujets divers. Cette année :
-
-
- Atelier sur le feedback constructif
- Atelier sur le recrutement et les difficultés post-recrutement: comment aider les doctorant·e·s à terminer leur thèse malgré des contraintes autres que la recherche?
-
- Les glaciers du Pamir ont fait fondre leur cœur - 29.07.2025
- Le ninja de l’Université de Fribourg - 23.07.2025
- Retraite studieuse pour 14 doctorant·e·s de l’Université de Fribourg - 22.07.2025