Editorial
Ces images vous choquent? Nous aussi. Mais loin de vouloir faire du sensationnalisme, cette collaboration avec la Police cantonale fribourgeoise nous amène à réfléchir sur de nombreux tableaux.
Tout d’abord, à ce que l’on voit. Avec l’approbation du ministère public, nous avons sélectionné des images de scènes de crime proches de chez nous. A l’heure où les true crimes font les belles heures des plateformes de streaming, que reflètent les images récoltées par la police? Quelles avancées scientifiques nous permettent d’en tirer un maximum d’informations? Ce que nous y voyons représente-t-il fidèlement la réalité?
Ensuite, à ce que l’on ressent. Ces images nous mettent mal à l’aise, nous émeuvent, voire nous dégoûtent. Pourquoi? Spoiler alert, aucun article de ce dossier ne répond directement à cette question. Mais chacun, à sa manière, nous rappelle à quel point le sang est constitutif de notre corps physique, lié à notre cœur et, par métonymie, symbolise notre vie. De fil en aiguille, le sang qui s’écoule représente un rappel intransigeant de notre mort. S’y confronter est certainement contre-intuitif, malaisant, voire vraiment déstabilisant.
Enfin à nos contradictions. «[Le sang] est à la fois mémoire, malédiction et espérance» analyse Céline Graillat Mansuy (p.21). De là à y percevoir une certaine beauté, une esthétique, il y a un pas que nombreux·ses ne franchiront pas. Nous le comprenons. Et pourtant quel autre élément organique suscite autant l’attention des sciences, de la médecine, du droit, de la philosophie, des arts et de la littérature, mais aussi de la sociologie ou de la théologie? A la croisée de la recherche et de l’émotion, le sang était un sujet de choix pour un magazine scientifique tel qu’universitas.
Bonne lecture,
Farida Khali
Rédactrice en chef suppléante
