Editorial

A l’heure où nous mettons sous presse, la situation – étrange et effrayante – semble avoir renversé les paradigmes. De notre dossier ressort un leitmotiv: le narcissisme est une forme d’égocentrisme et tous deux ne s’analysent que par degrés. Comme les médicaments, c’est la dose qui fait l’efficacité: trop peu et l’on reste à terre, trop et c’est la potion elle-même qui nous tue.

Pour la première fois, sous nos contrées, ne penser qu’à soi et se renfermer sur soi-même deviennent des formes de solidarité, tandis que toute velléité de se mettre à la disposition de l’autre représente une forme de danger mortel. Et pourtant, chassez le naturel, il revient au galop: c’est qu’il ne faudrait pas manquer de surgelés pour ces pénibles semaines, ni se priver d’un café en terrasse… que l’on souhaitait, bien sûr, partager avec sa chère voisine ou sa maman bien-aimée. Alors égocentrisme ou simple humanité?

L’égocentrisme c’est tout ramener à soi, le narcissisme n’aimer que soi-même. Ce sont des moteurs puissants pour qui sait en jouer. On leur impute les élans de créativité et de génie de nos meilleurs artistes comme de nos excellents scientifiques. On sait aussi quels dégâts ils peuvent causer sur l’entourage et sur soi-même par ricochet. Si brillant qu’il soit, le narcissique finit le plus souvent par être démasqué.

Je vous parie qu’à la lecture de ces textes non seulement vous allez reconnaître des proches – et des moins proches – mais aussi que vous ne saurez vous empêcher de vous interroger sur vous-même. Comment vous percevez-vous? Qu’est-ce qui vous motive, vous permet d’avancer dans votre vie, votre carrière?

Et si vous ne l’avez pas fait, si aucun doute ne s’est immiscé dans votre esprit, il est peut-être temps de consulter, avant d’être découvert.

Bonne lecture et bonne remise en question.