Editorial

«Tout ce que je sais, moi, c’est que je ne suis pas marxiste.» Avec cette déclaration, Karl Marx ne s’est pas renié, bien au contraire. C’est l’amertume du théoricien face aux erreurs d’interprétation de sa doctrine qui s’exprime. Qu’avons-nous fait de sa pensée? Où donc se sont égarés ceux-là mêmes qui s’en réclament? Que dirait Marx du communisme français, chinois ou de l’interpétation qu’en font aujourd’hui les habitants du Kerala?

Pas facile d’interpréter la doctrine de ce journaliste engagé, de ce penseur acharné, de ce bourreau de travail qui se consacrait à l’écriture parfois jusqu’à l’épuisement. Comment rester fidèle à sa philosophie, alors même que son œuvre la plus importante, Le Capital, reste inachevée? Les notes laissées par le maître ont été interprétées et mises en forme par son fidèle compagnon Friedrich Engels. L’ouvrage reste difficile d’accès. Que ce soit parmi ses détracteurs ou au sein de ses fidèles, qui a vraiment lu Marx dans le texte?

Le capitalisme lui a survécu, c’est certain. Il a même encore de beaux jours devant lui, mais il a changé de visage. A la révolution industrielle ont succédé les révolutions technologique et numérique. Faut-il y voir une nouvelle menace pour la classe ouvrière ou les rêver en chance à saisir pour le prolétariat?

Le Maure aux sourcils drus et à la grande barbe sombre reste extrêmement polarisant. Dans sa contribution, la Professeure Barbara Hallensleben s’interroge: 200 ans après la naissance de Karl Marx, la parution d’un universitas sur cette grande figure de la pensée politique du XXe siècle est-elle le signe qu’une analyse impartiale peut enfin débuter? Sans avoir une aussi haute ambition, notre rédaction espère que les textes de ce numéro sauront susciter en vous une curiosité nouvelle et vous insuffler quelques réflexions.