Colloque internationalPublié le 01.12.2025

L'écriture de création à l'Université : expériences francophones et perspectives suisses


Installée depuis plus de 40 ans en Amérique du Nord francophone, les formations en écriture de création (ou creative writing, écriture créative, recherche-création1…) ont soulevé un très grand nombre de débats sur le continent européen quant à leur légitimité artistique, leur pertinence pédagogique et scientifique, et leur potentiel socio-économique.
La Suisse s’est dotée en 2006 d’un Institut littéraire à Bienne – dépendant de la Haute-École d’Art de Berne, tout à fait distincte des Universités – qui propose un Bachelor of Arts en écriture littéraire. Outre l’Institut, qui accueille entre 4 et 6 francophones par année, la formation en écriture créative est très majoritairement soutenue par des offres privées, d’écrivaines et d’écrivains plus ou moins professionnel-les, qui considèrent cette activité comme une source de revenus, jonglant avec un public très hétérogène (entre « atelier loisir » et ambition professionnalisante). Certaines initiatives institutionnelles (bibliothèques, musées, maisons des littératures…) viennent compléter ce catalogue.
Niveau académique, chaque structure construit depuis peu une offre différente pour répondre à la demande grandissante des étudiant-es. À l’Université de Lausanne, des ateliers d’écriture créative sont proposés en marge du cursus ; ils sont réservés aux étudiant-es. L’Université de Fribourg a, quant à elle, créé en 2021 un séminaire de Master d’écriture créative proposée une fois dans l’année ; tandis que l’Université de Genève, qui avait imaginé un séminaire de Bachelor, vient de compléter l’offre avec un séminaire de Master. Ces tentatives – encore timides mais de plus en plus nombreuses – témoignent de l’intérêt croissant pour la pratique. Leurs enjeux restent cependant encore largement impensés dans le champ académique suisse en littérature française.
Sur le territoire français, il existe aujourd’hui de nombreux cursus académiques intégrant de telles formations : des initiatrices Université Jean-Jaurès à Toulouse et Université du Havre-Normandie en 2012, jusqu’au Master FABLI de l’Université de Limoges (créé en septembre 2020), en passant par les Universités d’Aix-Marseille, de Paris 8, Paris Nanterre, de Cergy, de Clermont-Auvergne, les formations complètes en écriture créative couvrent l’ensemble de l’Hexagone. En marge, il faut encore mentionner de nombreux cours individuels intégrés à des cursus de lettres plus classiques.
Au Luxembourg, des séminaires d’écriture créative existent au sein des cursus de langue mais ils ont la particularité d’être proposés uniquement en multilingue. En Belgique, la situation est plus entremêlée : plusieurs universités (UCLouvain, ULBruxelles, ULiège…) mettent à leur plan d’études une ou deux unités d’enseignement d’écriture créative mais aucun cursus entier n’est proposé. Ces unités d’enseignement s’inscrivent systématiquement dans un dialogue avec des écoles d’art comme La Cambre, l’ESA Saint-Luc ou l’ESA Le 75 à qui est déléguée la formation artistique.

Aucune initiative à ce jour n’a imaginé croiser les expériences pour la Suisse. Ce colloque entend proposer un état des lieux des expériences canadiennes, françaises, luxembourgeoises et suisses afin de questionner la place de l’écriture créative au niveau académique. L’ambition première est de de présenter un panorama conséquent des descriptifs et des objectifs des différentes approches : recherche-création ou création-recherche, écriture de création ou création littéraire, universités ou écoles d’art… En outre, l’enjeu essentiel de cette manifestation scientifique sera de réfléchir à de potentiels développements et collaborations (y compris internationales) sur le territoire de Suisse occidentale, ceci à l’aide des communications d’enseignant-es mais aussi des témoignages d’étudiant-es qui permettront d’exposer de manière transparente les possibilités mais aussi les obstacles de telles formations.

Pratiques et approches différentes mais ayant comme trait commun d’accorder à l’écriture de création une place fondamentale.


Organisation :
Dr. Matthieu Corpataux, Université de Fribourg

Comité scientifique :
Prof. Em. Jean-Michel Devésa, Université de Limoges
Prof. Claude Hauser, Université de Fribourg & co-directeur du CEQF
Prof. Thomas Hunkeler, Université de Fribourg
MER Sylvie Jeanneret, Université de Fribourg/CERF
Prof. Justine Huppe, Université de Liège