Dans un livre fameux, Quand dire c’est faire, le philosophe John Austin a mis en relief la dimension performative du langage. Il est des paroles qui réalisent une action par leur énonciation même : ainsi, c’est en déclarant la séance ouverte que son président ouvre effectivement la séance. Cependant, de telles paroles ne sont efficaces que parce que le langage engage les corps. Qu’en est-il aujourd'hui, où des discours prolifèrent qui, au lieu de lier la parole à la chair, considèrent ce qui est (par exemple le sexe) comme un simple corrélat de ce qui est dit (ce que j’affirme être) ? Pareille hubris langagière, en exagérant le pouvoir performatif des mots, menace de ruiner ce pouvoir — et, à force de nier la réalité des corps, de préparer un retour violent du refoulé.