Si Sigmund Freud revenait, il ajouterait assurément aux trois métiers impossibles qu’il avait identifiés (gouverner, soigner, éduquer), celui de socialiser. Comment en effet fabriquer de la compétence à être membre quand, justement, l’expérience sociale des personnes auxquelles s’adressent les professionnel·le·s du travail social est marquée par le rejet, à tout le moins l’éloignement, des institutions et par la négativité des relations? Qu’est-ce qu’accueillir des personnes aux limites, dans leurs dépendances et dans leur asocialité, et que fait-on dans le présent de la relation avec elles? Une hospitalité aussi contrainte que vide, mais une hospitalité quand même? Qu’est-ce qu’insérer quand on ne dispose pas du pouvoir d’agir sur le marché du travail et que l’on peut simplement entretenir la compétence et l’appétence au travail? Un marché de dupe reposant sur une fiction partagée, mais une fiction vitale pour autant? Qu’est-ce que prendre en charge des jeunes «intraitables»? Les rééduquer ou les contenir? Ou, simplement, tenter de les faire se prendre au jeu de la vie commune en s’attachant à leur permettre de devenir acteur de leur propre existence?