Numérisation, déspatialisation, dématérialisation, télétravail, coworking, mais aussi algorithmisation, ubérisation, fragmentation, auto-évaluation permanente, individualisation accrue, effacement des liens et des collectifs, intensification des rapports au temps, etc., toutes ces transformations du et au travail ont fait apparaître de nouvelles perspectives managériales. Elles ont aussi souvent engendré des difficultés en matière de coordination, de coopération et de quête de sens au sein des équipes de travail. Dans ce rapport au travail « éclaté », de nouveaux dispositifs techniques et administratifs de contrôle (évaluation, reporting, etc.) sont également mis en œuvre. Pourtant, on en appelle encore et toujours, à davantage d’autonomie et d’initiative des personnes, à leur « créativité ». L’engagement des individus dans leur travail « réel » est alors souvent ressenti comme « empêché » par ces nouvelles modalités paradoxantes. L’espace professionnel devient un lieu de dissonances cognitives non sans effets sur la santé psychique des salarié·es, y compris des managers. Les atteintes à la santé mentale au travail sont devenues une préoccupation importante pour toutes les parties prenantes (personnes en emploi, entreprises, assureurs sociaux, autorités, etc.). La focale d’analyse de ces maux en termes de faillibilité des individus, le plus souvent proposée, pose cependant question : quid des explications organisationnelles ?
Partant de ces constats, nous chercherons à répondre notamment aux questions suivantes :
Dans quelle mesure et de quelles manières les évolutions du management et des conditions de travail se manifestent-elles selon les contextes nationaux ?
Quels liens effectifs peut-on observer entre les différentes modalités du travail « éclaté » et la santé tant physique que psychique des salarié·es ?
Ces nouvelles formes de gestion suscitent-elles de l’adhésion ou a contrario des résistances auprès des salarié·es ou des collectifs de travail ?