Le Mercure galant/Mercure de France (1672-1820) accorde une place considérable à la littérature en proposant chaque mois des poésies, des fictions et des comptes rendus de livres ou de spectacles. Il recueille et diffuse les meilleures pièces fugitives du moment, produites dans des salons ou dans un cadre privé, et soumises aux journalistes par les lecteurs mêmes du périodique. Cependant, les textes s'accumulent dans les pages du Mercure et les goûts évoluent au fil des décennies, si bien que le Mercure devient à son tour la source d'autres recueils d'articles, de poésies ou de morceaux choisis, recueils qui peuvent être manuscrits (à l'initiative d'un lecteur) ou imprimés (à l'initiative d'un journaliste). En abordant le périodique sous l'angle du recueil, nous étudierons donc un processus de distinction médiatique du littéraire en plusieurs étapes. Nous verrons aussi comment l'équipe de recherche du projet « Le Mercure de France et l'institution littéraire » prolonge à certains égards cet effort de sélection et de diffusion, en constituant une base de données numérique des textes et des auteurs du Mercure.