Parmi les écrivains du XVIᵉ siècle qui jouirent d’une grande renommée de leur vivant et dans les années suivant leur mort, mais dont la notoriété déclina jusqu’à une époque récente, figure Luigi Groto (Adria, 1541 – Venise, 1585). Esprit inquiet, accusé de posséder des livres interdits et pour cela inquiété par l’Inquisition, Groto fut membre de nombreuses académies, avocat, philologue et éditeur, poète, orateur, maître d’école et ingénieur hydraulique, dramaturge, acteur et metteur en scène. Cette diversité d’activités techniques et littéraires, fréquente chez les auteurs de la Renaissance, atteint chez lui un degré d’exception singulier. Sa renommée s’éteignit toutefois dans les siècles suivants, victime de la défaveur critique qui frappa une grande partie de la poésie italienne de la fin du XVIᵉ et du début du XVIIᵉ siècle.

Luigi Groto composa huit pièces de théâtre, relevant de genres variés : la comédie (Emilia, Il Tesoro, Alteria), la tragédie (Dalida, Adriana), la fable pastorale (Calisto, Il Pentimento amoroso) et le drame sacré (le juvénile Isac). Toutes furent représentées au moins une fois, par des comédiens amateurs ou des troupes professionnelles. Ce qui distingue avant tout sa production, c’est sa forte dimension expérimentale, où la variété des genres explorés se conjugue à l’originalité des choix stylistiques et à une remarquable aptitude à la divulgation culturelle. Ses pièces circulèrent largement sous forme imprimée et furent représentées sur les scènes internationales encore au XVIIᵉ siècle.