Publié le 19.10.2022

3 nouvelles boursières PRIMA du FNS à l'UniFR !


Trois nouvelles professeures assistantes rejoignent les rangs de l'UniFR cette année en tant que nouvelles bénéficiaires d'une des prestigieuses bourses PRIMA décernées par le FNS : la professeure Jessica Clough, désormais cheffe de groupe en chimie à l'Institut Adolf Merkle, la professeure Rafca Nasr, au Département d'histoire de l'art et d'archéologie, et la professeure Magdalena Solska, au Département de travail social, politiques sociales et développement global. 

Les bourses PRIMA sont destinées à d'excellentes chercheuses qui présentent un fort potentiel pour obtenir un poste de professeure. Le FNS finance leurs projets ambitieux sur une période de 5 ans. L'UniFR est très fière du succès de ses chercheuses dans leur demande de bourses PRIMA. Cette année, les candidates de l'UniFR ont enregistré un taux de réussite impressionnant de 30% (comparé à un taux de réussite de 13% pour l'ensemble des projets soumis, soit 17 projets subventionnés pour 124 demandes). Cela témoigne de la grande qualité de la recherche menée à l'Université de Fribourg et de l'attrait de cette institution pour les chercheuses et chercheurs en début de carrière. 

L'instrument de financement PRIMA, qui, avec Eccellenza, se situe au plus haut niveau des possibilités de financement de carrière, sera à partir de cette année fusionné avec Eccellenza afin de créer le nouveau Professorial Fellowship du FNS. Le financement spécifique issu de PRIMA sera toutefois toujours réservé aux femmes chercheuses dans le cadre de ce nouveau programme. 

Le projet de la professeure Jessica Clough vise à développer une nouvelle technique de nano-imagerie pour identifier et, à terme, prédire la fracture ou la défaillance des matériaux polymères. Les polymères sont omniprésents dans notre vie quotidienne, des élastomères hautement déformables que l'on trouve dans des pneus de voiture au verre balistique résistant. Malgré l'ubiquité de ces matériaux et l'importance de comprendre quand un tel matériau va se briser, les fractures du matériau qui conduisent à la défaillance mécanique de ces polymères ne sont toujours pas bien comprises. En effet, la technologie actuelle utilisée pour interpréter ce phénomène consiste à modifier le polymère ciblé avec des molécules de détection qui traduisent les forces mécaniques en signaux optiques, lesquels sont à leur tour captés par un microscopie optique. Cependant, comme les fissures et les fractures dans les polymères se produisent à un niveau nanoscopique qui ne peut être observé par la microscopie optique traditionnelle, nous n'avons toujours pas la capacité de comprendre pourquoi, et de prédire quand, ces événements vont se produire. La professeure Clough et son groupe s'attaqueront à cette importante question et proposeront d'établir une nouvelle méthodologie qui poussera la résolution d'imagerie à ses limites en tirant parti des récents développements dans les techniques de microscopie à super-résolution, qui ont jusqu'à présent fortement influencé l'imagerie des structures nanoscopiques dans le domaine biologique mais ont été sous-exploitées dans l'étude des matériaux. Clough a également été récemment sélectionnée pour participer au programme NanoARTS, une collaboration entre l'AMI, la Fondation suisse pour la culture et Pro Helvetia. Dans ce contexte, elle travaillera en tandem avec une artiste visuelle pour explorer de nouvelles méthodes de dessin avec la lumière en utilisant des molécules mécano-réactives qui brillent lorsqu'elles sont activées.

Le projet de la professeure Rafca Nasr porte sur la représentation des femmes de la Méditerranée orientale en tant que sujets et mécènes des arts à la fin de la période médiévale (12e-15e siècle). Nasr et son groupe - composé d'un·e doctorant·e et d'un·e chercheur·se postdoctoral·e - répertorieront et étudieront les preuves de mécénat féminin dans le territoire syro-palestinien, en Grèce continentale, dans la mer Ionienne et la mer Égée, ainsi qu'en Italie du Sud, afin d'étudier les activités des femmes dans la société médiévale. Prof. Nasr retracera les modèles de représentation des femmes et s'interrogera sur le caractère genré du mécénat, c'est-à-dire par exemple : les femmes agissaient-elles en tant que mécènes différemment des hommes ? Choisissaient-elles des supports artistiques différents de ceux de leurs homologues masculins pour se représenter en tant que mécènes ? Les femmes étaient-elles représentées différemment dans les œuvres d'art si une femme en était elle-même la mécène ? Le projet est impressionnant par son caractère innovant et sa portée : Nasr rassemblera des preuves visuelles, matérielles et textuelles provenant d'un large éventail de lieux de l'Orient latin dans une base de données en libre accès, et réalisera une synergie de ces matériaux qui sont très rarement pris en compte ensemble, afin de voir si la représentation des femmes change en fonction du type de représentation. Le projet de Nasr ne se contentera pas de jeter une lumière indispensable sur le mécénat féminin, un sujet de recherche nettement sous-représenté au Moyen Âge, en particulier dans les régions situées en dehors de l'Europe occidentale, mais il le fera dans une perspective intersectionnelle qui ne tentera pas de dégager une notion généralisante de la “Femme”, concept stéréotypé, mais plutôt de retracer la représentation des femmes, de ces individus issus de différents contextes culturels et religieux.

Le nouveau projet de recherche passionnant de la professeure Magdalena Solska porte sur l'opposition politique dans les systèmes démocratiques et autoritaires. L'opposition politique, définie au sens large comme les partis d'opposition, ou les associations et groupes de la société civile politiquement engagés qui se mobilisent pour contester le pouvoir en place, est d'une importance cruciale dans le processus démocratique car aucune démocratie ne peut exister sans opposition. Étonnamment, peu de recherche a été menée sur le fonctionnement des acteurs de l'opposition, ce qu'ils font, comment, et quelle est leur fonction dans les rouages des régimes démocratiques et autoritaires. La compréhension des mécanismes de l'opposition est pourtant primordiale, non seulement pour appréhender la nature d'un système politique donné dans son ensemble, mais elle peut également être utilisée pour retracer un changement de système vers l'autoritarisme et pourrait finalement affiner l'efficacité des organisations nationales et internationales qui œuvrent pour soutenir la démocratie. Ce type de recherche est particulièrement bienvenu dans le contexte politique actuel qui voit une nouvelle vague de démocraties dévolues, où, par exemple, de nombreux pays d'Europe de l'Est sont maintenant considérés comme des démocraties qu'on pourrait juger “illibérales" ou des "régimes hybrides", même s'ils sont des États membres de l'UE depuis peu, tandis que d'autres qui s'efforcent de rejoindre l'UE sont classés comme des "autoritarismes compétitifs". C'est précisément parmi certaines de ces démocraties et autoritarismes post-communistes que Solska et son équipe puiseront les données nécessaires à leur analyse, qui prendra la forme d'une étude de cas comparative des acteurs de l'opposition en Lituanie, en Pologne, en Hongrie, en Serbie, en Ukraine et en Géorgie. 

Ces chercheuses et leurs projets innovants vont sans aucun doute enrichir le paysage académique de l'Université de Fribourg, et nous les accueillons à bras ouverts. 

Vous souhaitez postuler pour un Swiss Professorial Fellowship, le nouveau programme de carrière du FNS qui fusionnera Prima et Eccellenza ? Bien que les délais pour 2023 ne soient pas encore annoncés, notre équipe au SPR vous les communiquera dès qu'ils seront connus, et sera heureuse de vous aider dans votre candidature ! Contactez-nous à l'adresse research@unifr.ch.