Publikationsdatum 16.05.2022

Portrait: Prof. Claude Monney


Au début de l'année 2022, Claude Monney est devenu professeur ordinaire à la Faculté des sciences et de médecine. Il nous présente ce qui l'a amené ici, sa recherche et sa philosophie d'enseignement. Portrait.

Q: Vous êtes devenu professeur à Fribourg récemment ; qu'est-ce qui vous a amené à choisir notre université ?

"Je suis fribourgeois d'origine et j'ai fait mes études de physique à l'Université de Fribourg. En fait, il est tellement difficile d'obtenir un poste de professeur en physique que, plus jeune, je n'aurais jamais imaginé pouvoir revenir m'établir dans mon "alma mater".

En pratique, c'est un mélange d'opportunités et de hasard, comme souvent dans la vie. J'ai obtenu un poste de professeur boursier du Fonds National Suisse pour la Recherche en 2018 et suis venu collaborer à Fribourg avec le Prof. Philipp Aebi, qui était mon directeur de thèse 13 ans auparavant. Puis, quand celui-ci est parti à la retraite en 2020, j'ai été choisi pour lui succéder. Je suis dès lors très content de pouvoir prendre sa relève dans mon canton d'origine."

Q: Parlez-nous de votre recherche. Quel est le thème de votre recherche et quels sont vos objectifs ?

"Ma spécialité est la spectroscopie ultrarapide de matériaux nouveaux. Dans mon laboratoire, nous utilisons des impulsions très courtes de lumière laser pour sonder la matière par photoémission. Nous en expulsons des électrons, que nous analysons pour reconstruire la structure électronique de la matière. Notre but est ainsi de mieux comprendre le lien entre les comportements macroscopiques de la matière, par exemple une résistivité électrique anormale, et l'organisation microscopique des électrons et des atomes.

Lors de mon arrivée dans le département de physique, j'ai amené une nouvelle approche expérimentale : en utilisant une combinaison de plusieurs impulsions laser très courtes, nous excitons les matériaux avec une première impulsion intense, puis les sondons avec une deuxième impulsion plus faible. En jouant avec le décalage temporel entre les deux impulsions, nous pouvons suivre l'évolution des électrons et des atomes sur une échelle de temps très courte : inférieure à la picoseconde, soit 10-12 s !

Un de mes objectifs est alors de créer de nouveaux états éphémères de la matière, dits hors-équilibres, avec des propriétés physiques jamais rencontrées à l'équilibre. Ce genre d'expérience est actuellement très prometteur pour jeter les bases de l'électronique du futur."

Q: Pourquoi avez-vous choisi la physique comme carrière ?

"En tant que collégien, j'étais attiré par différentes voies d'étude, autant les sciences naturelles que la philosophie, par exemple. Je me rappelle que mon choix pour la physique est venu par mon attrait pour la compréhension des mécanismes fondamentaux de notre univers, stimulé par des revues scientifiques auxquelles j'étais abonné. Durant mes études au département de physique de Fribourg, j'ai été captivé par la physique du solide et des phénomènes exotiques comme la supraconductivité et je me suis donc lancé dans cette direction par la suite."

Q: Vous souvenez-vous de votre première expérience ?

"Ma première expérience en physique remonte aux travaux pratiques de première année à l'Université. La première expérience, qui touchait à la spectroscopie atomique, m'a été attribuée au tout début du semestre et était relative à un chapitre de théorie qui allait être abordé en toute fin d'année, le modèle de Bohr de l'atome. Je ne m'en étais pas rendu compte. J'ai donc beaucoup travaillé pour comprendre ce modèle et ai eu finalement une certaine fierté à y parvenir en début de première année…"

Q: Quelle est votre philosophie d'enseignement ? Quel message souhaitez-vous faire passer aux étudiant-e-s ?

"Il n'est pas facile d'enseigner la physique à l'Université, car, pour les étudiants, il faut acquérir une solide formation de base en mathématiques avant de pouvoir apprécier toute la profondeur d'une équation ou repérer les détails fins d'un beau spectre de photoémission.

J'encourage donc les étudiants à persévérer dans leurs cursus universitaires et à savoir apprécier ces moments de découverte. Quoi de plus stimulant que les premiers cours de relativité générale ou de mécanique quantique !

Durant mes cours, j'essaie de trouver un équilibre entre formalisme mathématique et présentation de données expérimentales. Il est crucial de construire le lien entre les deux au mieux, et j'adore repérer l'étincelle dans l'œil des étudiants quand ils y parviennent."