Nano-matériaux10.08.2016

Le secret de beauté de l'araignée paon


Pour séduire les femelles, l’araignée paon mâle Maratus splendens affiche la couleur. Mais d’où lui vient cette magnifique palette? Des chercheurs de l’Adolphe Merkle Institute (AMI) et de l’Université de Groningue (Pays-Bas) ont découvert qu’elle utilise non seulement des pigments, mais un procédé tout à fait unique de couleurs structurelles, dont la technologie pourrait bien profiter.

«De nombreux organismes ont développé des couleurs structurelles dans la nature, explique Bodo Wilts, chercheur senior à l’AMI et un des auteurs de l’étude. Leur spécificité est que même de minuscules changements à l’échelle du nanomètre modifient fortement les teintes, ce qui n’est pas le cas avec des pigments. L’évolution a permis de développer de nombreux mécanismes pour créer des couleurs structurelles, mais ceux de l’araignée paon semblent être uniques en leur genre.»

Grâce à l’utilisation de techniques optiques et anatomiques de pointe, les chercheurs ont pu caractériser les propriétés optiques des écailles d’araignées de manière détaillée. Ils ont ainsi pu montrer que les écailles  tirent leurs couleurs de différents pigments chimiques, à l’exception des écailles bleues. Celles-ci sont en effet non pigmentées (ou transparentes) et présentent une couleur structurelle, créée par un système photonique complexe, composé de deux couches de chitine – une molécule de la famille des glucides qui constitue le matériel de base des insectes et des araignées – séparées par une couche d’air. C’est sur la face interne de ces couches que les chercheurs ont découvert un déploiement de filaments qui modulent la lumière, permettant ainsi cette étonnante couleur bleue.

Selon les chercheurs, l’araignée semble avoir optimisé la quantité de matériau pour refléter la lumière bleue. Cette capacité à modifier les couleurs structurellement pourrait être mise à profit, par exemple, pour la fabrication d’écrans de télévision ou de panneaux solaires plus performants.

Les chercheurs pensent également que l’araignée paon est capable de détecter la gamme complète des couleurs, une capacité qui fait l’objet d’études en cours.

Les résultats de l’étude viennent de paraître dans la revue Journal of the Royal Society Interface.

Lire le communiqué de l’AMI (en anglais).